Spynest est la nouvelle série scénarisée par Jean-Luc Sala à qui l'on doit notamment le jubilatoire Cross Fire.

Série B fertile en rebondissement et faisant la part belle à l'action, Spynest porte incontestablement la patte de scénariste qui a la bonne idée de ne pas se prendre (trop) au sérieux et de prendre un plaisir évident à faire plaisir aux lecteurs... Cette série pleine de fraicheur nous plonge dans les coulisses inquiétantes de la seconde guerre mondiale. Le lecteur glisse avec plaisir dans cet univers décalé qui sent bon le pulp des années 50 et les romans d'espionnage qui ont fleuri pendant la guerre froide. Les auteurs semblent avoir pris un réel plaisir à truffer l'album d'humour et de clin d'oeil à des blockbusters hollywoodiens en général et à James Bond en particulier, pour la plus grande joies des amateurs du genre... En remontant aux sources du mythe, les auteurs cherchent à comprendre ce qui a pu pousser Fleming à baptiser son héros de papier du nom d'un ornithologue... et si le personnage qui l'avait inspiré pour bâtir James Bond était... une femme!

L'histoire commence alors que Ian Fleming s'échine à écrire les lignes de son roman, Casino Royal, premier d'une longue série mettant en scène le célèbre espion britannique... En panne d'inspiration, il laisse vagabonder son esprit dans ses souvenirs, souvenirs qui le ramènent dans le Paris occupé de 1940... C'est dans une bien fâcheuse posture qu'il va faire la connaissance de Terryiona Crow, une délicieuse espionne américaine...

Le dessin de Christophe Alliel s'avère des plus efficace pour mettre en scène ce scénario rocambolesque concocté par Jean-Luc Sala et offrir à cette histoire une héroïne sensuelle et attachante. Son trait réaliste et son soucis du détail donne corps à cette uchronie et ses cadrages très cinématographiques renforcent les liens qui se tissent entre la série et les adaptations de l'oeuvre de Ian Fleming. Son recours à la caricature pour forcer le trait, accentuer une réplique ou le comique d'une situation s'avèrent d'une redoutable efficacité...

Spynest est une série qui démarre (comme toujours avec Sala!) sur les chapeaux de roues. Fraiche et légère, sans prétention autre que de faire passer un (très) agréable moment, elle remplie parfaitement son cahier des charges, grâce à une exploitation judicieuse du contexte historique et de l'oeuvre de Fleming. La coloration très pulp et le dessin en parfaite adéquation avec l'histoire de Christophe Alliel achève de nous convaincre... Un très bon premier tome qui laisse augurer une série réjouissante, pleine d'action et de fraîcheur...

Pour sa nouvelle série Spynest, Jean-Luc Sala a choisi de mettre en scène Ian Fleming, espion au service secret de sa Majesté et futur créateur de James Bond. Reprenant les codes du genre (glamour, action et gadgets variés), le scénariste joue à fond la carte de la comédie d’espionnage, trépidante et loufoque. Ce dernier en profite pour revisiter la réalité historique en amplifiant la supériorité technologique allemande et en caricaturant les personnages. Côté graphisme, Christophe Alliel, qui a notamment œuvré pour la saga Kookaburra Universe, démontre une réelle maîtrise du mouvement et des proportions. Le dessinateur nous livre ici un dessin rond, et plein de charme qui convient parfaitement à l’histoire. Le travail sur les personnages est des plus réussis, particulièrement sur Terry avec sa plastique parfaite et ses postures alanguies… Avec l’album Birdwatchers, Jean-Luc Sala et Christophe Alliel affichent une volonté manifeste d'offrir une histoire divertissante sans réelle prétention mais très agréable à lire.

par François Duclermortier