Si Voyages aux Ombres prend place de le monde de Troy, les lecteurs non familiarisés avec cet univers d'héroïc-fantasy pourront l'aborder sans soucis de s'y perdre.

Christophe Arleston et Audrey Alwett signe avec ce one-shot une varation séduisante autour du mythe d'Orphée, descendu aux enfers pour retrouver la belle Eurydice. Transposée avec brio dans un japon médiéval fantastique, ce n'est cette fois pas le destin qui précipite Dyssëry/Eurydice aux enfers, mais l'envie de ne plus vivre cette vie où elle ne peut assouvir sa passion (le théâtre) et dans laquelle sa famille la contraint épouser Phorée, un riche artisan plus âgé qu'elle et qu'elle n'aime pas et qui souhaite l'asservir. A l'instar d'Eurydice, c'est le jour de ses noces qu'elle choisit son funeste destin et passe de vie à trépas, mordue à la main (et nom au pied) par un inquiétant poisson au dents acérées... D'ailleurs, ce n'est pas Phorée/Orphée le héros de l'histoire, mais bien Dyssëry, désireuse de réussir sa mort, à défaut de sa vie... Grouillant de créatures macabres (garous, vampires, fantômes, momies, zombies et autres goules), les enfers s'avèrent un endroit peu recommandables pour une jeune fille éprise de liberté et d'indépendance. Heureusement, elle fait vite la rencontre de Zebl, un petit démon qui serait très sympathique s'il n'était pas franchement obsédé sexuel... Tous deux se mettent en route pour Tärtar, capitale des enfers où Dyssëry pourrait bien trouver l'occasion de réaliser son rêve de devenir actrice... Mais morte ou vive, Phorée sembler bien décidé à ce que Dyssëry lui appartienne... Il s'en va traverser la Porte des Enfers et rejoindre le Val des Ombres, pour aller chercher son épouse...

Délicieusement mis en image par la talentueuse Virginie Augustin (à qui l'on doit l'excellent Alim le Tanneur), cette série pleine de fantaisie (fantasy?) est des plus rafraîchissante. Son trait léger et plein de finesse renforce la poésie qui émane de l'histoire. Ponctuée d'un humour percutant, de répliques délicieusement théâtrales et de seconds rôles des plus jubilatoires, il sera difficile au lecteur de rester indifférent au récit de la mort de cette jeune et pétillante Dyssëry...

Voyages aux Ombres est une excellente surprise... Christophe Arleston, Audrey Alwett, Virginie Augustin et Yoann Guillo (co-coloriste) signent là un album de haute tenue, frais, drôle, original et poétique... Incontournable...

Cette histoire nous plonge directement dans un monde médiéval asiatique où la jeune et jolie Dyssëry n’a pas bonne réputation dans son village. Elle se retrouve contrainte d’épouser un homme riche dont elle n’imagine même pas passer une journée avec lui. La seule solution pour échapper à cette vie inacceptable a été de se donner la mort à peine le mariage prononcé. La belle se retrouve alors au Val des Ombres, où elle rencontrera diverses créatures pas vraiment sympathiques, mis à part un petit démon obsédé qui va tenter de la guider. En effet, ce monde déjanté qu’elle découvre n’est guère plus rassurant que celui qu’elle a quitté, d’autant plus qu’elle va y retrouver son veuf mari bien décidé à la ramener à la maison. C’est qu’il y tient beaucoup à sa femme ! Va-t-il arriver à ses fins ?

N’étant pas particulièrement amateur de l’univers ‘Lanfeust de Troy’, j’ai fait confiance à la renommée de Christophe Arleston pour le scénario, mais à vrai dire, c’est la magnifique couverture de cet album qui m’a attiré et j’ai immédiatement été conquis par le dessin de Virginie Augustin.. Son coup de crayon est très fin et nerveux, et les couleurs employées permettent un très bon rendu sur les décors et paysages, que ce soit pour le monde de lumière ou pour le monde des ombres, riches en détails. Et pour en revenir aux scénaristes (puisqu’en fait Aleston a travaillé avec Audre Alwatt), ils nous permettent de vivre cette aventure à un rythme soutenu. Le récit est agréable, poétique, émouvant, comportant quelques touches d'humour bien ‘placées’ !

J’ai finalement passé un bon moment de lecture, même si j’aurais aimé y trouver une dose d’humour un peu plus accentuée dans le monde des Ombres....

Par Arnaud Salembier