La Mandragore s'annonce comme un spin-off des Sherlock Holmes scénarisé par Sylvain Cordurié dans la jeune mais dynamique collection 1800. Si le détective n'apparaîtra pas dans ce diptyque, certains personnages de cette nouvelle série apparaîtrons dans le prochain diptyque consacré au personnage de Sir Arthur Conan Doyle. Avouons le tout de suite, l'idée d'étoffer l'univers esquissé par Sylvain Cordurié, qui mêle habilement l'univers cartésien d'Holmes et le fantastique de la littérature populaire, est des plus jubilatoire, surtout que le scénariste a dans l'idée de remonter aux sources en entraînant le lecteur en 1876, pour suivre la première enquête de celui qui deviendra le plus célèbre détective conseil de Londres...

A l'instar de Ash ou de l'Ours Lune, la Mandragore, si elle s'inscrit dans le sillon de la littérature fantastique, n'est en rien l'adaptation d'un roman du XIXième siècle ou un récit fictif élaboré à partir de personnages emprunté à la littérature fantastique de l'époque. Il s'agit d'une création originale qui s'inspire peut-être dans l'Ordre hermétique de l'Aube dorée, société secrète anglaise qui fut fondée à Londres par William Wynn Westcott en 1888.

Lynn Redstone est le bras armé des Fathers ot the Realms, une société secrète qui s'est imposée comme la plus puissante d'Angleterre depuis que les démons l'ont choisie pour créer un pont entre leur plan de réalité et la Terre. Mais leur autorité est contestée et suscite bien des jalousie. Dans l'ombre, les autres société secrètes sont à la manœuvre pour mettre fin à cette hégémonique. Mais la séduisante et redoutable jeune femme semble être autre chose que ce qu'elle paraît et certain n'ignorant rien de sa véritable nature, Lynn risque de se retrouver au cœur de la lutte à mort que se livre les sociétés secrètes londoniennes.

L'idée de spin-off n'est pas sans évoquer le comics et c'est donc tout naturellement que Marco Santucci, auteur révélé par le comics, s'est vu confié le dessin de cette série haute en couleur. Le résultat est des plus convainquant, et force est de reconnaître que le dynamisme de ses compositions s'avère efficace et colle parfaitement à cette histoire d'inspiration comics...
A noter qu'une fois encore, la couverture de Jean-Sébastien Rossbach attire l'oeil et donne une furieuse envie de plonger dans cet album.

Une porte sur l'Enfer est une mise en bouche des plus prometteuse mais bien malin celui qui sera où nous entraînera le second tome de cette série pleine de charmes et d'action. Au risque de me répéter, quelle jolie collection que celle-ci!

Comme pour ses productions précédentes dans cette belle collection, Sylvain Cordurié nous offre un récit très vite rythmé, un personnage central charismatique et une histoire qui nous promène de questions en questions : qu’elle est la nature de la relation entre ces sociétés secrètes et les démons, quel intérêt y trouvent elles qui motive cette lutte entre-elles, qu’a découvert le membre qui trahi,… ?
Bref il nous promène gentiment dans le brouillard des rues de Londres où se déroule l’action grâce à une narration fluide, alternant adroitement les actions des uns et des autres.

De plus Lynn, « l’héroïne », a des capacités physiques étonnantes mais semble ignorer beaucoup de chose sur sa naissance et sa véritable nature. Cet aspect donne un petit comics, sentiment que l’on retrouve au travers du dessin de Marco Santucci (qui je crois a déjà sévi dans ce genre). Son graphisme est dynamique et crée bien l’atmosphère de ce récit. C’est globalement très efficace mais je pinaillerai un peu sur quelques visages parfois imprécis ou un petit manque d’audace dans les scènes d’action. Rien qui ne gâche le plaisir de la lecture.

En tout cas pas du tout déçu par ce tome qui mérite sa place dans cette collection 1800 et dont la suite sera attendu avec envie.