Avec Black Stone, Éric Corbeyran nous entraîne dans un univers sombre et envoûtant de la magie.dans la lignée des films tels le Prestige de Christopher Nolan ou l'Illusionniste de Neil Burger.

Tout commence à Paris, en 1860. Nelson Staightback, Jenny Sullivan et Jean-Jacques Bonneteau vivent d'arnaques à la petite semaine. Après une tentative d’escroquerie au bonneteau au cours de laquelle Nelson et Jenny laissèrent des plumes, ces deux derniers décident de rompre leur association avec Jean-Jacques pour gagner Londres et tenter de vivre de leur art... Mais le succès n'est pas au rendez-vous et c'est dans un théâtre miteux, devant un parterre de brutes, de poivrots, de putes et d'escrocs qu'ils se produisent. Mais c'est au cours d'un tour, juste après ce que les pratiquants du noble art appellent « le Prestige », que leur vie va basculer... Car l'enfant qu'ils se proposaient de faire disparaître a bel et bien disparu... A sa place ils trouvent une mystérieuse pierre noire... Nelson prend la fuite, abandonnant Jenny qui se retrouvera condamnée à vie pour le meurtre de l'enfant et s'embarque pour les États-Unis... Au cours de la traversée, il comprend qu'il est désormais capable de réellement pratiquer la magie...

Le scénario se serait révélé des plus classiques si l'intrusion du fantastique n'avait ouvert d'autres horizons. Qu'est ce que la Pierre Noire? Comment s'est-elle retrouvée dans la malle en lieu et place de l'enfant? Que penser du songe de la mère ce de dernier qui le voit vivant dans un monde peuplé de créatures féeriques? Et l'apparition de Jenny à Nelson est-elle l'expression de ses peu probables remords ou une manifestation du pouvoir de la pierre?

Eric Corbeyran retrouve Eric Chabbert avec qui il avait travaillé sur la série conceptuelle Uchronie(s). Son dessin pose avec talent un décor soigné et précis. Son travail sur les cadrages dynamise le récit alors que son découpage, très classique, le sert efficacement. La colorisation est efficace mais s'avère trop lisse et manquant de nuances pour rendre pleinement justice aux dessins. La couverture est quand à elle magnifiquement composée et réalisée, induisant d'emblée l'ambiance inquiétante planant sur l'histoire et mettant en relief la lutte acharnée que vont sans doute se livrer les deux anciens complices.

Thème étrangement sous exploité, la magie, lisière entre le réel et le fantastique, est ici le personnage principal de cette nouvelle et prometteuse série... En nous entraînant au delà de l'illusion et en teintant son récit de fantastique, les auteurs entraînent le lecteur dans un récit fantastique et historique prenant et prometteur...