Avec Troie, Nicolas Jarry nous propose une version revisitée d'un des mythes fondateurs de la culture grèque. L'action s'amorce dans les prémices de cette bataille légendaire à l'historicité controversé. Mêlant habilement le récit d'Homère à des inventions de son cru, il amorce ce qui promet d'être une grande fresque épique, où hommes et dieux vont s'affronter dans une bataille qui s'annonce... homérique!
Reprenant à son compte l'aphorisme d'Hegel (« Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. »), il brosse le portrait d'hommes et de femmes dont les sentiments exacerbés vont conduire à la grande bataille que l'on sait. Quelle est cette mystérieuse menace qui vient de l'est et qui a déjà balayé les royaumes du Hatti et Hourrites et qui menace dors et déjà le puissant royaume Hittite et la puissante Egypte? Selon la Pythie, l'avenir de l'humanité se jouera au cœur des murailles de Troie, la cité de Priam. ..

La façon dont Nicolas Jarry exploite la matière première du récit, en s'abreuvant aux sources du mythe, tout en l'agrémentant d'éléments sortis de sa fertile imagination fait montre de sa grande maîtrise du sujet et imprime à une histoire dont les grandes lignes sont connues une originalité fort appréciable. C'est à la fois la force et la faiblesse de cette nouvelle série. Car ce foisonnement de personnages pourra rebuter ceux qui méconnaissent le mythe de la guerre de Troie, rendant par la même le récit très hermétique... Il ne serait pas inutile de se replonger dans l'Illiade d'Homère avant d'entamer la lecture du peuple des mers, pour se rafraîchir la mémoire et savourer comme il se doit cette fresque à la fois originale et respectueuse du mythe...

Avec son premier album, Ardisha Campanella signe un album graphiquement très réussi. Aussi à l'aise avec les différentes architecture antiques qu'avec des paysages à la végétation luxuriante, son trait réaliste, qui sait se faire sensuel et charnel, porte plutôt bien ce récit épique que les couleurs classiques de Slava Panarin met joliment en valeur.

Le peuple des mers annonce une série des plus prometteuses qui devrait séduire de nombreux lecteurs, à condition qu'il se soient déjà frottés à l'Illiade ou qu'il acceptent d'effectuer quelques lectures avant de se plonger dans ce récit dense et foisonnant concocté par un scénariste inventif et servit par un dessinateur aussi précis que talenteux.

Nicolas Jarry a choisi de poser son histoire à une époque que certains connaissent relativement bien, la guerre de Troie. L’album est rapidement lancé sur cette phrase de la pythie de Delphes, « A Troie se jouera l’avenir des hommes ». Le scénariste va donc revisiter cet évènement en le plaçant au centre d’une lutte entre les immortels dont l’humanité va être l’enjeu.

Pour moi la force de cet album est que Nicolas Jarry n’hésite pas à plonger dans la légende grecque pour nous offrir moult personnages humains ou non. Cela en fera la faiblesse pour certains qui se retrouveront un peu perdus au sein de tout ce monde. Pourtant l’album mérite que l’on fasse un petit effort car les explications viennent régulièrement et un lexique succinct nous est donné à la fin.

Cette mise en place aurait pu s’avérer lourde du fait de la multiplicité des personnages et des situations. Je l’ai trouvé au contraire accrocheuse, très fluide.

Le dessin n’est s’en doute pas exceptionnel mais rempli pleinement son office. Il est attrayant avec des décors réussis et des ambiances bien restituées. Le découpage apporte du dynamisme. Le tout est suffisamment réussi et agréable pour faire oublier des visages parfois imprécis.

Une bien agréable introduction et quand on connaît l’aspect mouvementé des légendes grecques et l’étendue du « bestiaire », on est un droit d’espérer de bien belles choses pour la suite.