Napoléon de Nicolas Dandois est un enchantement pour les amateurs d'histoire en générale et de l'épopée Napoléonienne en particulier. L'angle d'attaque de la série dont la narratrice n'est autre que le fantôme de Joséphine de Beauharnais est particulièrement savoureux, de même que l'idée, étrange à prioris, de commencer le récit par la mort de l'empereur déchu, sur l'îlot perdu de Sainte-Hélène.

Mais le point fort du récit, c'est de dérouler les événements historiques en se centrant sur l'homme que fut Napoléon Bonaparte, avec ses rêves, ses doutes et ses angoisses : désabusé dans le premier tome, rebelle à toute forme d'autorité dans le second. La chronologie du récit, extrêmement audacieuse, confère une pêche appréciable au récit. Partant dans Eté 1815 de la mort de l'homme qui voulu administrer l'Europe à la Corse du tome 2 qui l'a vu naître et grandir, l'un des récits remontant le temps alors que l'autre le descend dans l'ordre chronologique pour converger vers un point qu'on pourrait imaginer être le sacre.

Le dessin semi réaliste de Nicolas Dandois sert admirablement bien son scénario. De l'empereur désabusé qui sait qu'il va mourir et veut forger sa légende à la pointe de la plume à celle de l'enfant turbulent et opportuniste rêvant d'une haute destinée, c'est un portrait très humain que parvient à esquisser ce jeune auteur très prometteur. L'humour dont il fait montre, tant dans son dessin que dans son sens de la répartie, offre à cette histoire une fraîcheur inattendue et une distanciation très appréciable.

Nicolas Dandois signe une première série magistrale qui nous raconte une histoire connue de tous mais avec une inventivité narrative et une audace qui force le respect. Un petit bijou qui prouve, si besoin était, que la BD peut être instructive tout en étant divertissante. Et réciproquement!