Un clan du peuple d’Ernön a perdu ses guides pour le pays d’Hingell. Ses représentants n’ont d’autre choix que d’accepter la proposition de Gälin, un nabot aviné, qui peu de temps après le départ, s’effondre dans un sommeil alcoolisé. L’incident profite à Onimaku et Hazngar, sans le sou après s’être fait escroquer par un magistrat, qui s’empressent d’accepter de conduire le convoi vers sa terre promise.

Voilà donc la suite (chronologiquement, c’en est une) du premier diptyque Wollodrïn. Elle était attendue avec envie et quelques craintes compte tenu de l’excellence atteinte dans les deux premiers opus. Ce tome devrait rassurer tout le monde. La trame reste classique, que ce soit au niveau de la forme avec le monde « tolkienien » ou du fond même de l’histoire, une caravane à guider vers un monde nouveau, thème qui ne sera pas sans rappeler quelques œuvres aux amateurs de western. Comme pour les deux albums précédents, la force de David Chauvel réside en sa capacité à s’approprier les codes de ce type d’aventure et à les agencer de façon crédible, distillant actions, rebondissements et révélations qui, loin d’apporter des réponses, attisent la curiosité sur l’origine des entités qui cherchent à empêcher le charroi d’arriver à bon port et sur les motifs qui les animent.

La plus belle réussite concerne les personnages. Les deux héros sont, bien entendu, connus des lecteurs de la série, cependant, le couple formé par la jeune femme et l’orc constitue une belle surprise. Cette relation est joliment mise en images par Jérôme Lereculey qui parvient à exprimer adroitement la relation entre les deux êtres grâce à des regards et de petits gestes. Le trait réaliste est toujours aussi expressif, offrant décors riches et scènes de combats dynamiques, bien soutenu par la recherche sur le cadrage.

Au final, c’est un plaisir de poursuivre ce périple conté avec talent et habileté.