Haut de page.

Requiem
Notre Mère la Guerre



Fiche descriptive

Histoire

Notre Mère la Guerre

Tome 4

Kris

Maël

Maël

Futuropolis

4 octobre 2012

Chroniques

En septembre 1917, remis de ses blessures, le lieutenant Vialatte apprend deux nouvelles d’importance : Eva, l’amour de sa vie, travaille comme interprète à la Croix-Rouge. Par ses fonctions, elle est en contact avec les camps de prisonniers français en Allemagne.

Et c’est par elle que Vialatte découvre que Peyrac, porté disparu en 1915, a été fait prisonnier et qu’il est bien vivant. Vialatte, avec l’aide de Janvier, reprend donc son enquête à zéro...
un chef d'oeuvre!


Pour parler de la guerre il n'y a que des larmes
La Première Complainte, premier tome de la tétralogie, avait dès sa sortie fait sensation, tant par son scénario prometteur, ses personnages forts, et le formidable travail graphique réalisé par Maël. Annoncé originellement comme une trilogie, l’intrigue, sans doute un peu à l’étroit, s’est vu gratifiée d’un quatrième tome, permettant aux auteurs de prendre le temps de développer cette intrigue sombre et profonde. Au vue de la qualité de chacun des albums, et de ce dernier album en particulier, on ne peut que se réjouir de ce changement…

L’histoire de ce requiem s’étale des années 1914 jusqu’au crépuscule de la guerre. Car les racines de ces tragiques évènements qui se sont déroulés sur le front s’abreuvent dans le passé, aux prémices de la guerre. Par de subtils flash-back souvent très poignants les auteurs nouent les fils du drame, esquissant peu à peu une sombre vérité. On devinait que l’issue de la série serait tragique mais force est de reconnaître que, de révélations en révélations, Kris tisse une trame narrative solidement charpentée, impeccable et captivante. Le suspens est savamment entretenu et les rouages de l’enquête policière qui sert de fil rouge à cette tragédie s’imbriquent de façon saisissante. Mais la force du récit, c’est aussi et surtout le destin tragique de ces hommes arrachés à leur vie pour être jetées dans une guerre, fusil à la main pour de mauvaises raisons…
Porté par des dialogues percutants, rythmé par des correspondances épistolaires ou des extraits de journaux intimes, le récit de Kris met en scène des hommes et des femmes à jamais brisés par la guerre. La poésie qu’il distille dans ses récitatifs renforce l’atmosphère pesante, s’insinuant insidieusement dans l’esprit du lecteur pour décrire les horreurs de la guerre. Non pas les morts et les mutilations qui sont les premières images qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque la Grande Guerre, mais aussi les souffrances de ceux qui l’on faite, et qui y ont laissé une part de leur innocence et de leur humanité.

Côté dessin, le trait nerveux de Maël est une fois de plus d’une redoutable efficacité. Ses couleurs immergent le lecteur dans la boue, les larmes et le sang des tranchées comme peu de dessinateur avaient réussi à le faire avant lui. Il ne se contente pas de mettre la guerre en image, il donne à la ressentir, à éprouver les indicibles émotions qui assaillent le soldat, enterré vivant dans les tranchées et confrontés quotidiennement à des horreurs sans noms. Pour se rendre compte de l’immense talent expressionniste de Maël, il suffit de voir cette case où ces soldats sont comme hébétés dans leurs tranchées alors que les armes se sont tuent et que sonnent les cloches de l’armistice. Saisissant…
La dernière planche est sublimement tragique, texte et dessin entrant en osmose de façon remarquable, rehaussé encore par le texte de Tim O’Brien qui clos l’album et enfonce un peu plus loin encore les clous plantés par les auteurs, tel marteau du croque-mort enfonçant ceux d’un cercueil.

Notre Mère la Guerre est d'ores et déjà un monument du neuvième art, l’une des œuvres les plus fortes mettant en scène la guerre, dans toute son horreur, dans toutes son absurdité. D’une grande qualité littéraire et artistique, cette œuvre fera date et ne laissera le lecteur littéralement bouleversé par la force de cette fresque sur la folie des hommes.

« Pour parler de la guerre Il n'y a que des larmes. » (Henriqueta Lisbo)
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche n' est référencée comme inspi pour aucun jeux de rôle.