
Bien qu’il ne les fasse pas, le Petit Prince souffle cette année ses 70 bougies. Il continue après ces décennies à exercer cette étrange fascination, agissant un peu comme la madeleine de Proust.
Avec une telle affiche (Antoine Bauza et Bruno Cathala, et Antoine de Saint-Exupéry comme illustrateur, excusez du peu), cette déclinaison ludique du Petit Prince ne pouvait que retenir toute notre attention… Sous un boitage élégant et une apparence enfantine, le jeu s’avère bien plus malin qu’il n’y parait au prime abord, tout comme le roman éponyme où l’auteur s’efforce de réveiller l’enfant qui sommeille en tout un chacun par le truchement d’un récit apparemment enfantin…

Règles et matériel
Adapter l’univers poétique du Petit Prince en jeu de société était sans nul doute d’un défi difficile à relever… Mais c’était sans compter l’inventivité dont peuvent faire preuve deux auteurs chevronnés que sont Antoine Bauza et Bruno Cathala…
Les joueurs sont invités à construire la plus belle des planètes évoquant celles du roman, avec leurs baobabs, leurs volcans à ramoner, leurs serpents, moutons, caisses, réverbères, roses, éléphants, coucher de soleil et des personnages hauts en couleur y habitant.
Chaque planète est constituée de 16 tuiles, dont quatre tuiles personnages. A chaque tour, chaque joueur posera une tuile pour construire sa planète…

Déroulement d’une partie


Les tuiles sont triées en fonction de leur dos en quatre piles. Le nombre de tuile dans chaque pile est fonction du nombre de joueurs. Les tuiles excédentaires sont écartées face cachée.

A son tour de jeu, le joueur qui commence choisit une pile et pioche autant tuiles que de joueur. Il en prend une, la pose pour construire sa planète. Il désigne ensuite quel sera le joueur suivant qui devra choisir une tuile parmi les tuiles restantes et désigner le nouveau joueur… Quand chaque joueur a posé une tuile, le dernier joueur du tour devient premier joueur.

A deux joueurs, les auteurs ont imaginé une petite variante à la fois simple et pleine de subtilité : le joueur dont c’est le tour choisit une pile et y pioche trois tuiles qu’il regarde secrètement. Il en pose deux face visible et une face cachée. L’autre joueur choisit une tuile et la pose. Le premier joueur sélectionne une tuile parmi les deux restantes…

Le jeu se termine au seizième tour, alors que tous les joueurs ont achevé leur (jolie) planète. Chacun comptabilise alors son score, chaque personnage induisant une façon différente de scorer…

A ce corpus de règles simples et élégantes s’ajoute deux petites subtilités : le joueur ayant le plus de volcans déduira de son score final le nombre de volcans qu’il possède. A chaque fois qu’un joueur a trois baobabs, il retourne ses trois tuiles qui ne lui rapporteront dès lors aucun point!

Le joueur totalisant le plus de points est déclaré vainqueur!

l’Avis de la Rédaction
Le Petit Prince est un jeu délicieusement poétique…
Les règles sont simples, claires et joliment maquettées. Aussi facile à assimiler qu’à expliquer, on peut très vite rentrer dans le vif du sujet…
La séduisante mécanique du draft est ici épurée au maximum tout en conservant cette subtile notion de choix… Au niveau du comptage de points, on retrouve comme un parfum capiteux de Carcassonne, ce qui n’est pas pour déplaire…
La présence du hasard dans la pioche de carte n’est nullement rédhibitoire, bien au contraire! C’est ce hasard, discret mais présent, qui fait que ce jeu s’adresse à tout public… Les parties sont rapides, tendues, et ont un goût exquis de revenez-y…
Le Petit Prince est un jeu brillant, simple mais très malin. Ses règles fluides le rendent accessible aux plus jeunes alors que la subtilité de ses mécanismes (choix des tuiles, choix du joueur suivant, variante à deux joueurs qui apporte une dimension de bluff et de prise de risque, baobabs et volcans qui réduisent à néant de jolis plans d’urbanisme) en font un jeu qui plaira aux jeunes joueurs comme aux joueurs confirmés.
Bien sûr, les plus jeunes y joueront avec légèreté alors que les geeks s’intéresseront de prêt aux options choisies par les autres joueurs pour choisir les tuiles non seulement dans le but de développer leur jolie planète mais aussi et surtout pour enlaidir au maximum celle des adversaires.
Le Petit Prince est une petit chef d’œuvre d’autant plus réussi que les auteurs sont parvenus à créer un jeu d’une grande fraîcheur tout en respectant l’univers poétique et envoûtant imaginé par Antoine de Saint-Exupéry…

On aime...

des règles fluides

un univers poétique

un jeu malin

des mécanismes simples et ingénieux

On n'aime pas...

même en cherchant, on ne trouve pas