S’il est moins connu que son illustre ami Howard Phillips Lovecraft (H.P. Lovecraft pour les intimes), il existe une évidente filiation entre les deux écrivains. On retrouve dans leurs œuvres respéctives ce style délicieusement ampoulé, ce vocabulaire à la fois riche et suranné et ces descriptions de cités cyclopéennes et de ces civilisations disparues hantés par des créatures tout à la fois envoûtantes et répugnantes ainsi ce goût prononcé pour le mysticisme et la poésie tourmentée.

La Flamme Chantante est un court récit présenté dans un élégant écrin à la couverture toilée. Articulé en deux parties, le récit entraîne le lecteur dans un monde étrange, fascinant et inquiétant… La première aiguisant l’appétit du lecteur et la seconde l’entraînant bien plus loin qu’il ne pouvait l’imaginer…

Gilles Angarth découvre le journal intime de Philipp Hastane, son ami disparu corps et bien dans des circonstances non élucidées. Ce récit fabuleux parle d’une mystérieuse porte qui s’ouvrirait sur une dimension extratemporelle où était érigée une citée à l’architecture fantastique qui exerça sur Hastane d’étranges sentiments où fascination et effroi se mêlaient d’inextricable façon… Le récit incite Angarth, d’abord incrédule, à se rendre sur les lieux et tenter lui aussi d’explorer cet univers parallèle surréaliste et tourmenté et fouler les pavés de cette antique et mystérieuse cité cyclopéenne au cœur de laquelle brûle une étrange et fascinante flamme chantante qui attire inexorablement les créatures la contemplant…

Le style grandiloquent et déroutant de Clark Ashton Smith pourra rebuter certains lecteurs. Mais le fait est qu’il exerce, à l’instar du Démons et Merveilles de Lovecraft, un étrange pouvoir de fascination, aspirant le lecteur de façon saisissante dans l’univers baroque et improbable édifié par l’écrivain américain. Ce conte métaphorique tient tout à la fois de la science-fiction et du fantastique, deux genres encore très imbriqués à l’époque où Clark Ashton Smith rédigea La Flamme Chantante.

Actes Sud publie là un texte onirique et baroque qui permet de (re)découvrir un auteur moins connu en France mais tout aussi talentueux que pouvait l’être H.P. Lovecraft.