Bien avant la mode des séries-concept, Patrick Cothias signait une grande saga historique mêlant avec une habilité évidente petite et grande histoire. Avec ses masques, il a tissé une fresque captivante dont le point d’orgue fut et demeure les
Sept Vies de l’Epervier, série narrant l’enfance d’Ariane, fils du Baron de Troïl, nièce du célèbre Epervier dont les lecteurs de Pif Gadget ont pu découvrir les premières aventures… Prolongé une première fois avec
Plume au Vent, cette série tout à la fois épique et romantique trouve un nouveau développement, quinze ans après l’épopée américaine d’Ariane…
Cette nouvelle série nous raconte comment Ariane, revenu d’Amérique en compagnie de Germain Grandpin, son valet, amant et souffre-douleur, et de Beau, son époux va tenter de retrouver ses deux enfants, ces graines qu’elle a jadis semé en terre de France, sa fille, Ninon, et son fils, dont les amateurs de l’œuvre de Cothias connaissent la destinée à travers les séries
Ninon Secrète et
Le Fou du Roy.
Dès son retour dans son hôtel particulier pillé durant son absence, Ariane est défiée en duel par le vicomte de Roquefeuille qu’elle avait blessé il y a des lustres. Ce dernier, aiguillonné par le Gaston d’Orléans, frère du roy Louis XIII, la provoque en duel, avec pour lui de funestes conséquences. Mais cette mascarade n’est pour duc d'Orléans qu’une mise en bouche destinée à percer à jour les intentions de la Baronne de Troïl.
C’est peu dire que
Quinze ans après (clin d’œil aux
Vingt ans après d’Alexandre Dumas?), amorce d’une série aussi inattendu que jubilatoire, se lit avec délectation. On replonge avec un évident plaisir dans cette série historique concoctée par Patrick Cothias et si joliment mise en scène par André Juillard et dont la lecture a donné le goût de l’histoire à bon nombre de lecteurs, dont votre humble serviteur.
Si le style d’André Juillard s’est épuré au fil du temps, il n’en conserve pas moins son style et son indéniable élégance. Il semble retrouver avec le même plaisir que les lecteurs l’Europe et le siècle de Louis XIII, ainsi que ces personnages hauts en couleur sortis de l’imagination de Patrick Cothias au passé aussi tourmenté que leur présent. Sa Arianne n’a pas pris une ride, au sens propre comme au figuré. On la retrouve toujours aussi troublante, comme si les années n’avaient pas de prise sur elle, malgré les blessures au corps et à l’âme. Le trait épuré et la mise en couleur (directe !) magistrale d’André Juillard immerge d’emblée le lecteur dans ce récit aventureux de façon enthousiasmante…
La Baronne de Troïl a retrouvé sa fille mais les évènements l’ont poussait à taire leur filiation. Le second album nous entraînera sans doute sur les routes de France à la recherche de l’enfant né de la tendre et brève passion qu’elle vécut avec le Roy Louis XIII… Une chose est sûre, le charme opère toujours et nous chevaucherons à ses côtés en compagnie de Beau et de Grandpin, soulevant la poussière des routes de France, balayée par le vent de l’histoire…