Avec Hedge Fund, Tristan Roulot, Philippe Sabbah et Patrick Hénaff immerge le lecteur au cœur de la finance internationale.

La trilogie nous propose de suivre la fulgurante ascension de Franck Carvale, courtier en assurance chez Visalis lorsque commence le récit, et pas des meilleurs. Il jalouse les traders qui entraînent dans leur suite les plus belles filles des boîtes banchées dans lesquelles ils traînent. Un jour, Franck est reçu par Ergyu Bilkaer, un riche et important client qui cherche à placer une grosse somme chez Visalis… Frank ne parvient pas à convaincre son client, ce qui pour lui est synonyme de licenciement… Pourtant, le riche homme d’affaire lui téléphone et lui propose de devenir trader dans au sein de la Royale Bank of Hong Kong. Après huit mois de salle des marchés où il s’initie peu à peu aux complexes mécanismes de la finance internationale, Bilkaer lui propose de rendre la tête d’une Hedge Fund, un fond de placement non réglementé à vocation spéculative aux résultats déconnectés des performances des marchés. La réussite et la fortune semble à sa portée… Mais, sans le savoir, Franck Carvale a mis le doigt dans un engrenage d’une inquiétante machinerie échafaudée par son non moins inquiétant mentor…

En ces temps de crise, la haute finance semble avoir le vent en poupe et inspirer scénariste et réalisateurs. Après Wall Street : L'argent ne dort jamais d’Oliver Stone ou Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese, récemment récompensé aux Golden Globes, voilà donc Hedge Fund, qui s’inscrit dans cette même mouvance d’expliquer pour mieux les dénoncer la spéculation à outrance où l’argent brassé n’a plus de lien avec l’économie réelle, avec les funestes conséquences que l’on sait pour monsieur tout le monde.

Tristan Roulot et Philippe Sabbah réussissent le tour de force de concocter un thriller exclusivement financier. Contrairement à d’autres séries prenant la finance pour cadre (IR$, Secrets Bancaires ou même certains tome de Largo Winch), Hedge Fund ne fait pas la part belle à l’action, aux poursuites endiablées, aux combats, aux cascades et aux effets pyrotechniques. La seule violence à laquelle les scénaristes ont recours et celle de la jungle impitoyable de la finance internationale et cela mérite indéniablement d’être souligné. En outre, ce premier tome se veut très didactique : sans jamais se détourner de l’action, les auteurs expliquent avec clarté les mécanismes de la finance utilisés par les différents protagonistes de l’histoire, ce qui permet aux béotiens d’en comprendre les étranges mécanismes. La présence de Philippe Sabbah n’est pas pour rien dans la crédibilité du récit. Ce dernier, diplômé de l’ESCP, a longtemps travaillé dans les salles de marché. Ses dialogues et ses personnages sonnent vrais et le travail réalisé avec Tristan Roulot est plus que convainquant.

Au dessin, on retrouve Patrick Hénaff avec qui Tristan Roulot avait signé le Testament du Capitaine Crown. Son trait réaliste et sa mise en scène très cinématographique (tel la plongé vertigineuse sur Hong Kong qui ouvre l’album) colle parfaitement à ce récit efficace et tragiquement réaliste.

Des Hommes d’Argent est le premier tome d’une trilogie originale et ambitieuse qui pose bien des questions... Quels sombres dessins poursuit Ergyu Bilkaer, inquiétant marionnettiste pour qui Franck Carvale a tout de l’homme de paille… Sa fulgurante ascension annonce sans doute de grosses désillusions… Ce premier opus est des plus prometteurs et tout laisse à penser que la série va monter en puissance au fil des tomes pour un final ébouriffant…