On pouvait craindre qu’avec 6 tomes à son actif, Nicolas Poupon finirait par tourner en rond ou par vraiment le toucher, le fond du bocal… Faire rire avec des poissons, rouge qui plus est, qui n’en finissent plus de tourner au fond de leur bocal, ça va un temps, mais ça peut finir par devenir monotone… Et pourtant, ce septième opus prouve que si le
Carassius auratus (nom latin du poisson rouge) a moins d’un quart de poids-chiche en guise de cerveau, ce scénariste et talentueux dessinateur a une imagination tout à la fois fertile et… débordante.
Son sens du gag en un (ou deux)
strip bocal force une fois de plus l’admiration, de même que ses running gags qui rythment l’album. Il y a eu la philosophie de comptoir, grâce à Poupon, voici venir celle du bocal… Mis en scène soin grâce à un trait minimaliste parfaitement maîtrisé, ses gags savent se faire tour à tour drôles, déjantés, mordants, touchants, émouvants, incisifs, percutants ou totalement barrés, se teintant même parfois de politique ou d’écologie avec la catastrophe de Fukushima (n’avez-vous pas l’étrange et désagréable impression d’être passé à côté d’une contrepèterie ?)ou les inquiétants poissons panés qui ont poussé le vice et la perversion de manger leurs croutes pour faire meilleur genre… Glaçant…
Madame Irma nous l’a dit, les albums passés sont excellents (200 euros), les futurs tout autant (100€) mais elle n’a pu me dire si cet album était ou non hilarant (mon portefeuille était vide)… Et bien moi, gratuitement, je vous le dit : tout est bon dans le poisson!
Ce septième opus est au moins aussi bon que les premiers et si tous les strip-bocal sont d’une redoutable efficacité, certains sont réellement mémorables (le plagiat du grand bleu, le demandeur d’asile ou la théorie du double attentat suicide pour ne citer qu’eux)…