Avec
Baba Yaga, les Editions Purple Brain nous entraînent à nouveau dans un conte populaire. Après les excellents
Trois Petits Cochons de Laurent Pouchain, Jérémie Caplanne nous entraîne dans les légendes slaves, à la suite de l’inquiétante sorcière Baba Yaga…
Règles et matériel
On retrouve avec un plaisir jubilatoire ce gros livre-boîte qui est décidemment un bien bel objet. L’intérieur, doté d’un thermoformage bien pensé, est bien garni. Les illustrations de Vincent Joubert (le Petit Poucet, Seasons : Enchanted Kingdom…) sont comme toujours absolument somptueuses. Sa Baba Yaga s’avère des plus inquiétantes alors que sa forêt des plus féériques… La silhouette de la figurine de la terrifiante Baba Yaga évoque celle des poupées
slaves russes, renforçant la filiation avec l’est…
Les règles (7 pages) sont fluides, bien écrites, simples et concises. Elles proposent des variantes pour corser la difficulté, ou permettre à des joueurs de niveaux différents de s’affronter avec un même plaisir…
Contenu de la boîte
16 tuiles Forêt réversibles (faces Forêt et Ingrédients)
10 tuiles Parcours
1 tuile maison
20 cartes Sort
1 figurine représentant Baba Yaga
le livret du conte (adapté par Benoît Forget)
Déroulement d’une partie
Après être tombés entre les doigts crochus de Baba Yaga, les joueurs sont parvenus à s’enfuir de son sinistre antre… Las! La sorcière s’est lancé à leur poursuite à bord de son chaudron volant. Pour lui échapper, ils devront lancer trois sortilèges en trouvant les ingrédients éparpillés dans la forêt…
Mise en place
Les tuiles Parcours sont disposées en croix et les tuiles Forêt placées aléatoirement comme sur l’illustration ci-dessous.
Chaque joueur reçoit face cachée trois cartes Sort sans en prendre connaissance.
Déroulement
Lors de son tour, un joueur dévoilera la première carte Sort de sa pile, donnant le top départ de son tour. Sur chaque carte sont représentés quatre ingrédients et un effet. Trois des ingrédients seront nécessaires pour lancer le sort.
Le joueur va, le plus vite possible s’efforcer de retourner les ingrédients du sort, et seulement ceux-là ! Pourquoi le plus vite possible me direz-vous ? Eh bien parce que pendant ce temps-là, les autres joueurs déplacent tour à tour Baba Yaga d’une case sur le parcours qu’elle devra faire dans le sens aller puis retour, marquant ainsi la fin du tour !
Dès lors deux possibilités : soit le joueur a trouvé les ingrédients (et uniquement ceux là !) nécessaires au sort, en applique son effet et défausse sa carte… Soit il n’y est pas parvenu (ou a dévoilé et laissé retourner des ingrédients inutiles) et il replace sa carte sous sa pile de Sorts.
Fin de partie
Lorsqu’un joueur lance son dernier sort, il remporte la partie et échappe à la cruelle Baba Yaga…
l’Avis de la Rédaction
Comment ne pas donner raison à Bruno Faidutti lorsqu’il affirme qu’un jeu doit avant tout raconter une histoire? Et cela est d’autant plus vrai dans les jeux destinés aux plus jeunes! En partant d’un conte pour tisser un jeu original, Purple Brain Creations proposent une formidable porte d’entrée, tant sur les contes que sur les jeux, développant un univers attractif tant pour les jeunes enfants que pour les adultes ayant su conserver une âme d’enfant.
Ne nous attardons pas sur l’élégance du jeu, la finesse des illustrations et la qualité du matériel. Cela semble être la marque de fabrique de ces jeunes et prometteuses éditions Purple Brain et les joueurs ne peuvent que s’en réjouir.
On pouvait penser que le concept du Memory allait s’essouffler pour mourir de sa belle mort. Mais à chaque fois des créateurs (Klaus Zoch et son jubilatoire
Pique Plume, Reiner Knizia et son memory «stop ou encore»
Trésor des Dragons ou Antoine Bauza et son mémory coopératif qu’est
La Chasse aux Monstres pour ne citer qu’eux) s’en emparent pour y faire souffler un vent de fraîcheur revigorant… et c’est une fois encore le cas avec ce nouveau troisième jeu de Jérémie Caplanne avec ce mixte de mémory et d’observation, chaque recto de carte possédant un indice permettant de trouver ce qui se trouve à son verso, renforçant la thématique de façon subtile et maline…
Baba Yaga introduit la notion de temps dans ce jeu déjà cinquantenaire qui apporte un sentiment d’urgence fort appréciable. Chaque joueur ayant durant le tour du joueur actif son rôle à jouer, il n’y a pas de temps mort dans ce jeu dynamique et virevoltant. Et les bras des serviteurs du temps qui s’enchevêtrent avec ceux du joueur actif cherchant frénétiquement ses ingrédients évoquent les branchages de l’épaisse et inquiétante forêt dans laquelle les joueurs ont trouvé refuge pour échapper à la sorcière… L’idée des cartes Sorts introduisant des objectifs est elle aussi bien pensée, renforçant la thématique du jeu de façon ludiquement ingénieuse…
Les effets des sortilèges (7 différents) sont bien trouvés et apportent du fun au jeu de façon simple et efficace… Ils vont avoir un impact sur la taille du parcours et donc sur le temps de jeu d’un joueur (Grosse Fatigue!, Plus vite que le vent!), aider (Doigt dans le nez!) ou handicaper (Pattes de Poulet, Lumière aveuglante!, Tout petit!) le joueur actif ou brouiller les pistes (Brouillard bizarre!)…
Les variantes sont fort sympathique, des Pattes de Poulet qui ralentissent le joueur actif en passant par le rééquilibrage du niveau des adversaires et des différentes difficultés de jeux… La variante à deux joueurs est certes bien trouvée pour permettre au jeu de tourner dans cette configuration mais… on a quand même l’air un peu ridicule en jouant devant public avec cette variante! Mais le ridicule ne tue plus depuis bien longtemps, n’est-ce pas ?
Baba Yaga est un excellent jeu bien pensé et bien conçu qui renouvelle le mémory en introduisant une notion de timing et des objectifs…
On aime...
le mémory renouvelé
la thématique forte et attractive
le matériel et les superbes illustrations
le jeu en simultané
On n'aime pas...
jouer à deux en public