Avec sa première BD, Jérôme Pierrat, historien, romancier, journaliste et spécialiste en criminologie nous invite avec
Vor à une plongée en eaux troubles au cœur de la mafia géorgienne.
Tariel, la trentaine, sort de la prison de Koutaïssi en Géorgie après y avoir passé huit années de sa vie avec une seule idée en tête : devenir Vor et devenir l’un des parrains de la mafia géorgienne. Mais en France, sa famille est en guerre ouverte avec un autre clan originaire de Tbilissi. Avant de gagner ses étoiles de Vor, il va devoir reprendre en main les différents trafics qui tombent un à un dans l’escarcelle de leurs concurrents… Une guerre fratricide où tous les coups semblent permis s’engage alors pour la mainmise sur la France… Et si Tariel est bien décidé à respecter le code d’honneur des Vor, il n’en va pas de même pour tous…
Fort de ses connaissances dans le domaine des mafias, Jérôme Pierrat signe avec Vor un scénario percutant qu’il déroule tout en nous livrant les clefs qui permettent de comprendre ce microcosme, ses règles, ses lois et ses coutumes. Le rôle symbolique des tatouages, révélant le grade et l’histoire d’un membre de la mafia géorgienne, s’avère des plus intéressants.
Unis sur leur terre natale pour défendre l’indépendance de la Géorgie, les différents familles peuvent se déchirer et s’affronter de façon sanglante dans d’autres pays pour le contrôle des divers trafics qu’ils y ont développé. Telle une pieuvre dont la tête serait en Géorgie, elle étend ses ramifications dans l’Europe occidentale, se « contentant » de trafiques mineurs pour ne pas (trop) attirer l’attention des autorités, versant leur obole à leur Vory, leur parrain resté au pays mais n’hésitant pas à tuer pour défendre leurs territoires. Mais, comme Tariel l’apprendra à ses dépens, la mafia ne pourrait survivre sans relations et alliés politiques et de ponctuelles collaborations avec l’ogre russe s’avèrent parfois nécessaires…
L’ascension de l’ambitieux Tariel est saisissante, dépeignant un univers particulièrement sombre et crédible, ancré dans une réalité glaçante à travers une histoire individuelle.
Le dessin de Vincent Burmeister est brut de décoffrage. Avec un trait nerveux et incisif, des encrages épais et un style privilégiant l’efficacité à la beauté, les planches de l’album immergent le lecteur dans cette atmosphère tendue subtilement distillée par le scénario de Jérôme Pierrat.
Avec
un Voleur dans la loi (i.e. Vor du cyrillique
vori v zakone) Jérôme Pierrat et Vincent Burmeister signent un premier album convainquant qui pose les bases d’une trilogie percutante qui nous immerge au cœur de la mafia géorgienne. Captivant et glaçant…
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comprenne qui pourra!