I Fucking love Paris est un album plein de mordant et de cynisme se déroulant dans l’univers impitoyable de la mode et des paillettes où l’apparence et le paraître règnent en maître. A travers ce récit à trois voies, Peter Moerenhout, Erika Raven et Maarten Vande Wiele nous invitent à suivre le tragique et tumultueux de trois jeunes filles prêtes à tout pour réussir et réaliser leurs rêves… Mais le prix à payer est parfois élevé pour celles qui aspirent à faire la couverture des magazines people, de briller sur scène ou sur les podiuls…

Dès son plus jeune âge Hope a arpenté les podiums des concours de Miss mais un tragique accident la défigure, ruinant son avenir pourtant tout tracé de top-model. A seize ans à peine, elle quitte sa mère pour monter à Paris où elle trouve une colocation avec deux belles et ambitieuses jeunes femme : Chastity, la mal nommée, rêve de devenir l’une de ces people fortunée et compte bien se servir des atouts dont l’a paré dame nature pour réussir alors que Faith rêve de faire une carrière de chanteuse… Mais les chemins de la gloire peuvent être tortueux et, derrière le vernis des paillettes et du stras, l’univers de la mode cache un enfer plein sexe, de drogue, de mensonges et de trahisons… Bien malin celui qui pourra dire si Faith, Chastity ou Hope sortiront indemne de leur plongée en eaux troubles dans le champagne, le showbizness et la haute couture…

I Fucking love Paris est un album amoral et cruel mais tellement jubilatoire, un portrait au vitriol et sans concession de l’univers de la mode et du showbiz fait par des auteurs flamands plein de verve et d’inventivité. Passé le choc visuel dû au dessin stylisé et épuré faussement candide de Maarten Vande Wiele, le lecteur ne peut qu’être happé par ces trois destins portés par une narration solidement charpentée. Les deux parties de l’album, « I love Paris » et « I hate Paris » se parlent et se répondent de façon saisissante; la première parlant de l’ascension de ces trois jeunes ambitieuses et la seconde de leur fulgurante descente aux enfers à la poursuite de leur rêve destructeur. Sans fard, les auteurs nous montrent les coulisses de la mode et du showbiz, proposant des scènes d’une rare crudité qui contrastent délicieusement avec la naïveté apparente du trait. Formidablement documenté, les personnages sont habillés par de grands couturiers et les auteurs poussent le vice jusqu’à présenter les différents modèles et leurs créateurs en bas de page…
Le trait de Maarten Vande Wiele, s’inscrivant dans le sillage de Dupuy et Berberyan, confère au récit une coloration seventies très appréciable. Sa couverture, en parfaite osmose avec le titre décapant de l’album, est superbement bien pensée, annonçant clairement le contenu tout en restant très glamour.

I Fucking love Paris est un diamant brut, sombre et amoral qui immerge le lecteur dans un univers (réel ou fatasmé?) plein de cynisme et de cruauté. Cet album atypique au graphisme surprenant mais incroyablement immersif, est une petite bombe, l’une des (très) bonne surprise de ce mois de mai, à ne manquer sous aucun prétextes… mais à réserver à un public avertit!