
Golden Dogs nous entraîne dans les bas-fonds londonien pour un récit nerveux oscillant entre polar et aventure…

Londres, XIXième siècle. Ils sont quatre, tous en rupture de bancs, réunis par la volonté de l’un d’entre eux pour devenir le gang le plus réputé de Londres. James Orwood, ténébreux séducteur, contacte tour à tour Fanny, une prostituée de haut vol, Lario, un castra androgyne assassin et Lucrèce, une évadée, pour former le gang des Golden Dogs destiné à régner sur la capitale de l’Empire britannique et de faire de l’ombre aux sinistres Black Birds. Leurs coups, audacieux, savamment préparés par Orwwod et exécuté de main de maître, leur valent une ascension fulgurante. Le sinistre juge juge Aaron en fait une affaire personnelle et compte bien mettre un terme aux agissements du groupe des Golden Dogs, resserrant l’étau autour de notre quatuor qui est bientôt contraint de se séparer après un coup d’éclat retentissant…
Plus que toute autre, la société londonienne du XIXième siècle est très clivée. L’écart entre la riche bourgeoisie et le bas peuple se creuse peut-être plus vite qu’ailleurs. La couronne doit juguler l’augmentation de la délinquance et la répression et le personnage du juge Aaron incarne cette justice implacable. Face à lui, quatre voyous doués qui n’ont pas froid aux yeux… Le récit concocté par Stephen Desberg met en scène quatre personnages charismatiques hauts en couleurs qui portent sur leurs épaules l’ensemble du récit.

Avec pareil titre, on pouvait s’attendre à ce que James Orwood soit le personnage central du récit mais, si on en apprend plus sur le passé de cet énigmatique jeune homme initiateur des Golden Dogs, Fanny n’en reste pas moins la narratrice, donnant à voir les évènements tels qu’elle les a vécu ou tout au moins tel qu’elle les a perçus. A moins qu’elle ne nous donne sciemment des informations tronquées pour masquer son véritable rôle dans l’histoire… Car savoir que parmi les apparemment très soudés Golden Dogs se cache un traître confère au récit tout son sel, le lecteur cherchant à le percer à jour, au fil des évènements que vont vivre ces voyous prêt à tout pour s’extraire de leur basse condition…
Le trait de Wilrijk, Werner Goelen (alias Griffo) est comme toujours d’une redoutable efficacité. Il s’appuie sur une solide documentation pour nous livrer une vision du XIXième siècle tout à la fois personnelle et crédible.
Ce second opus de Golden Dogs se lit avec un réel plaisir. Formidable récit d’aventure, le récit tient autant du Ocean's Eleven de Steven Soderbergh que du Gang of New-York de Martin Scorsese. L’identité du traître reste bien évidemment un mystère et gageons que Stephen Desberg nous ménage quelques surprises dont il a le secret…