Philippe Richelle est un auteur talentueux, passionné d’histoire et de politique, qui, à travers des séries magistrale telles
les coulisses du pouvoir aux
Amours Fragiles, nous donne à voir la grande histoire à travers des destins individuels. Les mystères de la République nous entraînent dans les inquiétantes coulisses des troisième, quatrième et cinquième par les truchements de polars très bien ficelés… Ce présent opus s’intéresse à ce qu’on a longtemps appelé les « événements d’Algérie », puisque c’est ainsi que les a désigné durant 30 ans, occultant volontairement le mot guerre…
Paris, octobre 1961. Trois jours après la manifestation organisée dans les rues de Paris qui fut réprimée dans le sang, un épicier algérien est retrouvé mort, le corps criblé de balles, dans une ruelle parisienne. Le Commissaire Verne, chargé de l’enquête, constate avec effroi que Mohammed, la victime, n’est autre que le père de son meilleur ami, décédé des années auparavant. Dans un climat très tendu, entre couvre-feu imposé aux ressortissants algérien, assassinats de policier et bavures policière, Verne va enquêter en eaux troubles et se heurte tant à la hiérarchie qu’aux réseaux terroriste du FLN implantés dans la métropole…
Tout en déroulant son enquête de façon convaincante, Philippe Richelle développe le contexte de celle-ci de façon précise et circonstanciée. Il retranscrit de façon saisissante le contexte très tendu de l’époque qui a, aujourd’hui encore, des répercussions. Pensez qu’il a fallu attendre 1999 pour que le terme de guerre soit officiellement adopté pour parler de ces événements et que ce n’est qu’en 1983 qu’elle a fait son apparition dans les programmes scolaires! Le scénario proposé par Richelle se garde bien de prendre parti, se « contentant » de décrire les faits, d’exposer les idées des différents protagonistes, extrémistes comme modérés, instaurant par petite touche le climat qui régnait alors dans la capitale, clivant la population.
Le dessin réaliste de François Ravard, porté par les subtiles couleurs de Claudia Boccato, ancre fort efficacement le récit dans cette époque troublée. Sa reconstitution du Paris du début des années 60 est saisissante et ses différents personnages très crédibles.
Entre le premier et le second tome des Mystères de la cinquième République, deux années se sont écoulées. Deux années durant lesquelles la tension n’a fait que croître pour atteindre le point de non-retour avec ce tragique mois d’octobre. Remarquablement écrit, mis en scène avec efficacité, Octobre noir confirme le formidable potentiel de cette série qui nous entraîne dans les ombres coulisses de l’histoire contemporaine… Salutaire et passionnant…