Depuis des siècles, l’Ordre du Temple, le mythe de son trésor perdu du Temple, celui de sa survivance, les multiples complots politiques, ésotériques ou religieux n’en finissent plus d’attiser les fantasmes et d’inspirer écrivain et scénaristes. Etrangement, l’histoire de leur ascension fulgurante et de leur chute fracassante n’a que rarement été abordée en bande dessinée.
Templiers s’intéresse à sa fin, à travers le destin de l’un d’entre eux…
Octobre 1307. Pour renflouer les caisses désespérément vides du royaume, Guillaume de Nogaret convainc son souverain, Philippe le Bel, que cet ordre n’est pas digne de la confiance que l’Eglise lui accorde et que ses membres se livrent en secret au blasphème, à la sorcellerie et à l’infâme pêcher de sodomie. Cette triste nui du vendredi 13 octobre 1307, le roi donne l’ordre d’arrêter les templiers du Royaumes. Durant cette nuit funeste, Martin, Chevalier du Temple, et deux de ses compagnons, sortent nuitamment. Martin compte bien retrouver Isabelle, qu’il aima jadis avant qu’elle ne se marie alors que ses deux compagnons espèrent trouver quelques gueuses et quelques pichets… Ce faisant, ils échappent à la rafle et ne peuvent qu’assister impuissants à l’arrestation de leurs frères d’armes…
Après de nombreuses péripéties, Martin se retrouve associé à un prêtre peu scrupuleux et un ancien templier reconverti en malandrin pour dérober le trésor du Temple, caché au cœur de la capitale, sous le nez de Guillaume Nogaret…
A l’instar de Dumas, le récit inventif de Jordan Mechner prend l’histoire comme toile de fond pour tisser un scénario captivant et inventif. Solidement charpentée, son intrigue, respectueuse des événements, est dynamique et fertile en rebondissements. Le personnage de Martin autour de qui gravite l’histoire s’avère très attachant. Alors que ce qui a fait sa vie se délite de trahisons en trahisons, il reste attaché à ses serments, malgré la tendre inclinaison qui le lie encore à Isabelle, sœur de l’archevêque de Narbonne que l’Eglise va charger d’instruire le procès du Temple… Ses compagnons de routes et d’infortune permettent d’intéressant dialogues alors que sa Nemesis, un capitaine de la garde royal, campe un Rochefort avant l’heure particulièrement crédible.
Le dessin nerveux et dynamique de Pham LeUyen et Alex Puvillard, soutenu par la colorisation discrète mais élégante de Hilary Sycamore et Alex Campbell, s’avère formidablement énergique. Leur trait semi-réaliste est redoutablement efficace alors que leur vue de Paris saisissantes et leur personnages particulièrement expressifs.
Ce premier et volumineux opus de Templiers , exploite judicieusement la chute du temple comme toile de fond pour tisser une trame romanesque plus que prometteuse… Posant les bases d’un récit historique particulièrement convaincant qui ravira les amateurs d’Histoire et d’histoire, on ne devrait pas être loin du chef d’œuvre si le second tome est à la hauteur du premier!