Après deux tomes publiés chez 12bis, cet excellent
Robin ( (re)devenu
Robin des Bois) signé Pierre Boisserie et Héloret (alias Stéphane Robin, ça ne s’invente pas !) aurait pu sombrer dans les oubliettes de l’histoire… C’eut été bien dommage car le récit, plein d’inventivité, est de haute tenue… Grâce aux éditions Glénat, qui ont repris le catalogue des éditions 12bis, voilà la conclusion de ce récit haut en couleurs, sous forme d’un gros album reprenant les deux premiers tomes…
Cette version moderne et dynamique de Robin des Bois met en scène trois bâtards, Robin Loxley, Petit-Jean et Will Scarlett… Chacun va de son côté sentier peser sur leurs jeunes épaules le poids du destin et sentir la morsure de l’injustice au plus profond de leurs êtres… C’est par hasard que chacun va devenir hors-la loi et c’est la fatalité qui va les réunir dans une même bande, traqués par les sbires du shérif de Nottingham et le sinistre Guy de Gisbourne qui convoite le domaine du comte de Huntington…
Sans le vouloir, ils vont devenir le symbole de la lutte des Saxons contre l’envahisseur et oppresseur Normand. Même plus de cent ans après, les cicatrices de la bataille de Hasting ne sont pas encore refermées…
Quel plaisir de retrouver ce héros archétypal du moyen-âge popularisé par Walt Disney dans un dessin animé ma foi très réussi… La force et l’originalité du récit de Pierre Boisserie est de commencer à la naissance des trois compères, de raconter l’enfance joyeuse de ces trois bâtards nés sous une mauvaise étoile mais qui vont changer l’adversité en force… Résolument aventureuse, l’histoire qui nous est comptée met en scène les principaux personnages de la légende originelle de Robin (bien sûr !) en passant par Petit Jean, Frère Tuck, le Roi Richard, la belle Marianne, le moins connu Will Scarlett ou le terrible Shérif de Nottingham… Mais, en piochant dans les nombreuses histoires et légendes qui courent autour du personnage mythique de Robin, l’auteur a su, avec une remarquable inventivité, revisiter les figures et les évènements emblématiques du récit pour en proposer une version à la fois originale et personnelle.
Le fameux tournoi d’archerie, piège destiné à capturer Robin, en est le parfait exemple, de même que la façon de traiter le triste Shérif de Nottingham. En en faisant deux personnages, père et fils, l’auteur explique d’élégante façon les rôles nuancés que le Shérif occupe parfois dans les écrits consacrés à Robin des Bois… Le lien de sang unissant le sombre rejeton de Nottingham à Petit Jean est lui aussi une trouvaille scénaristique plus qu’intéressante et le rôle endossé par Marianne, femme de caractère et féministe avant l’heure, en fait un personnage des plus attachants…
L’auteur semble avoir pris un réel plaisir à mettre en scène ces personnages, à leur esquisser un passé où l’on trouvera la justification de leurs actes futurs… Et ce plaisir est plus que communicatif!
Certains regretteront que la conclusion du récit ne soit présente pour l’heure que dans ce qu’il convient d’appeler une intégrale… Mais je fais partie de ceux qui se réjouissent de pouvoir lire la fin de cette très réussie fresque aventureuse!
Côté dessin, Héloret (
le Bateau feu,
Eastern,
l’Ultime Chimère…) signe une partition graphique de haute tenue. Son trait dynamique s’avère particulièrement efficace pour porter ce récit légendaire ancré dans un moyen-âge graphiquement très bien rendu..
Avec ce Robin, devenu Robin des Bois, Pierre Boisserie et Héloret proposent une version dépoussiérée et résolument moderne de ce voleur au grand cœur qui a bercé l’enfance de bon nombre de lecteurs de plus de 30 ans et qui fut mainte fois porté à l’écran après avoir été le héros de nombreux romans ou textes médiévaux… Malgré une conclusion un peu rapide, il se dégage de l’album un puissant souffle aventureux qui entraîne avec aisance le lecteur dans ce récit à la confluence de l’histoire et de la légende.