


L’époque à laquelle se déroule le récit, le nom de Whitechapel apparaissant dans le titre et la couverture présentant un personnage de dos vêtu d’un long manteau noir et d’un haut-de-forme et portant une mallette à la main ne manque pas de faire planer sur cette série naissante l’ombre de Jack l’Eventreur… à tort ou à raison d’ailleurs…
Londres, 1887. Jerrold Piccobello compte parmi les magiciens les plus prestigieux du Royaume Britanique. Cela ne l’empêche pourtant pas de se faire jeter comme un malpropre lors d’une audition pour un travail dans un cabaret. Dépité, il revient vers les lieux de son enfance, là où tout a commencé, et se remémore ses premières années, de la mort de sa mère alors qu’il n’avait que trois ans à celle de son père, tricheur professionnel qui fit le coup de trop, en passant par la rencontre d’avec Virgill Webb qui lui devint son ami et mentor et lui enseigna l’art de la prestidigitation. De drames en mésaventures, d’espérances en désillusions, il va nous conter sa triste vie, avant de rencontrer un personnage sulfureux avec qui il va sceller un pacte des plus étranges…

L’auteur de
Woogee et des
nouvelles aventures de Mic Mac Adam pose avec
Jerrold Piccobello les bases d’une trilogie enthousiasmante frayant, contre toute attente, avec le fantastique, après une amorce pourtant réaliste. Tant et si bien qu’au final on s’interroge : le magicien qui donne son nom à la série est-il bien Jerrold Piccobello ou plutôt la créature qui va lui proposer un pacte faustien? Difficile de savoir quels développements l’inventif Benn nous a préparés pour les albums à venir mais le fait est qu’il fait régner sur l’album une atmosphère victorienne dense et captivante.
Le trait nerveux et semi-réaliste de Benn, très reconnaissable, s’avère parfaitement adapté à son récit ancré dans l’Histoire mais qui glisse subitement dans le fantastique, prenant le lecteur à contre-pied, pour son plus grand plaisir…
Ce premier opus du magicien de Whitechapel se lit avec un réel plaisir et c’est avec un léger mais appréciable sentiment de frustration qu’on achève l’album, intrigué par ce pacte sulfureux que vient de signer Jerrold Piccobello et désireux de connaître la suite de l’histoire…