Les sanglants évènements qui se sont déroulés en Gévaudan dans la seconde moitié du XVIIIème siècle font partie de ces faits divers qui hantent encore l’inconscient collectif, inspirant romanciers, essayistes, historiens et cinéastes… Aurélien Ducoudray (
Championzé,
the grocery,
Young,
Amère Russie…) et Hamo (
Special Branch,
l’Envolée Sauvage,
Noirhomme…) s’emparent de ces tragiques événements pour tisser un récit historique et humaniste captivant…
Depuis juin de l’an de grâce 1764, une mystérieuse bête hante le gévaudan, semant la mort sur son passage. 1765. Louis XIV dépêche Antoine de Beauterne, son porte arquebusier, pour abattre la bête qui terrorise ses campagnes. Là, il va découvrir l’indicible, de la peur qui a depuis longtemps gagné la campagne aux cadavres à moitié dévorés ou aux chasseurs reconvertis en bandit de grands chemins… Là, en ces terres hostiles où le peuple doute que le roi puisse mettre un terme à ces meurtres, il va rencontrer Barthélémy, un jeune garçon de onze ans qui va devenir son palefrenier…
Aurélien Ducoudray signe avec cet album l’amorce d’un diptyque prometteur. Mêlant avec habilité personnages historiques et fictionnels, son scénario s’inscrit dans une veine historique et romanesque. Dans un contexte historique précis, alors que la révocation de l’Edit de Nantes a laissé des plaies béantes dans le royaume de France, l’auteur nous raconte la rencontre entre deux personnes que tout oppose, qui vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser… Entre le jeune Barthélémy dont le père, protestant, a été pendu sur ordre royal et Antoine de Beauterne, officier du roi, une amitié solide va naître, faite de respect mutuel.
Le dessin faussement enfantin de Hamo colle parfaitement au scénario concocté par Aurélien Ducoudray. Il donne à voir le drame qui se déroule en Gévaudan à hauteur d’enfant. Son trait dynamique et plein de fraîcheur fait la part belle aux personnages et apporte une touche de tendresse et d’humanité dans ce contexte tourmenté… La couverture, qui montre le jeune Barthélémy guidant Antoine de Beauterne dans une inquiétante forêt où plane l’ombre de la Malbête s’avère tout à la fois efficace et élégante...
Porté par un scénario captivant d’Aurélien Ducoudray et le dessin semi-réaliste de Hamo, ce premier tome pose les bases d’un diptyque particulièrement enthousiasmant en prenant le temps d’installer des personnages crédibles et attachants. La traque de la bête s’estompe peu à peu devant la relation particulière qui unit Barthélémy et Antoine de Beauterne, faisant fi de l’étiquette, au grand dam de son fils, hautain et méprisant envers le bas peuple…
la Malbête, Monsieur Antoine en Gévaudan est un récit humaniste captivant éclairé par les lumières du siècle…