Avec
Sherlock Holmes Society, Sylvain Cordurié continue d’étoffer son Sherlockverse avec un indéniable talent. Après avoir convié les vampires, les horreurs tentaculaires lovecraftienne et les voyages temporels, il revient avec des non-morts particulièrement inquiétants…
Pour beaucoup, Sherlock Holmes est passé de vie à trépas avec son ennemi mortel, le Professeur Moriarty, dans leur ultime confrontation aux chutes du Rheinbach… Mais le célèbre détective a néanmoins survécu et son cartésianisme a quelque peu souffert des événements auquel il a été confronté durant cette période que les amateurs appellent le Grand Hiatus… Le lecteur retrouve donc le célèbre Sherlock Holmes alors qu’il boucle une affaire portant sur un imitateur du sinistre Jack l’Eventreur… Mycroft Holmes prend contact avec son cadet et sollicite son aide pour une mystérieuse et inquiétante affaire. Après une joute verbale tendue, Holmes et son comparse le Docteur Watson acceptent finalement d’accompagner Mycroft dans le petit village de Keelodge, un village enclavé en bord de mer dont les habitants ont été frappés par une inexplicable et tragique épidémie qui les a transformés en non-mort.
Si on pourra regretter un abandon de la chartre graphique de 1800 qui rendait chacun des albums de la collection immédiatement identifiables, force est de reconnaître que la couverture de
l’Affaire Keelodge s’avère particulièrement réussie… Ronan Toulhoat, le dessinateur de
Block 109, a indéniablement signé une illustration tout à la fois élégante et efficace… Les dessins de l’album, rehaussé par la colorisation impeccable de Jean Bastide s’avèrent eux aussi de haute tenue. Le trait fin et détaillé de Stéphane Bervas, le dessinateur du diptyque
2021, parvient à poser en quelques cases l’atmosphère si particulière, à la fois pesante et oppressante, qui règne sur ce premier album…
Cette nouvelle aventure va fortement ébranler le docteur Watson, tant par l’horreur de ce que lui et son ami vont découvrir à Keelodge que par le comportement interlope d’Holmes qui accepte avec une déconcertante facilité l’intrusion d’éléments fantastiques qui auraient dû heurter son esprit cartésien…
L’enquête et les sinistres événements de Keelodge captivent le lecteur dès que l’action se rapproche de ce sinistre village et la tension va crescendo au fil des pages et le sort réservé à l’instigateur de cette horreur pose bien plus de questions qu’il n’apporte de réponses…
Pourquoi Mycroft désirait-il la présence de son frère? Il parait évident qu’il lui cache certains tenants et aboutissants des tragiques événements qui se sont déroulés mais dans quel but ? Et pouvait-il ignorait que Sherlock n’en resterait pas là? Sans doute pas… Que de questions non encore élucidées! Mais il ne faudra pas attendre trop longtemps pour connaitre les tenants et les aboutissants de ce premier cycle prometteur et enthousiasmant puisque seuls trois mois s’écouleront entre la parution de chaque album, Eduard Torrents, Alessandro Nespolino et Ronan Toulhoat se voyant confier le dessin de chacun des prochains tomes…
Iconoclaste tout en étant fidèle aux canons holmésiens, ce nouvel arc narratif du Sherlockverse esquissé par Sylvain Cordurié et superbement mis en image par Stéphane Bervas particulièrement inspiré s’avère une fois encore particulièrement captivant.
Si les événements survenus à Keelodge s’avèrent bouclés, l’auteur a amorcé de nombreuses pistes qui promettent une tétralogie aussi intrigante que passionnante mettant en scène célèbre détective né sous la plume de Sir Arthur Conan Doyle et qui n’a pas fini d’inspirer romanciers et scénaristes... Et quand le résultat est de cet acabit, il faudrait-être fou pour s’en plaindre!