


Greenwich village entraîne le lecteur dans le Greenwich Village bohème et enfiévré des années 60 au travers d’une comédie romantique pleine de fraîcheur et de légèreté…
La caméra survole les ruelles de Greenwich Village avant de s’attarder sur un jeune homme qui va devenir (à son corps défendant!) le héros de cette comédie romantique. Son nom, Norman Oaks. Il officie comme pigiste pour un journal new-yorkais branché. Il vit seul dans son paisible appartement… anciennement paisible… Car sa quiétude va rapidement voler en éclat alors que la belle Bebe Newman, hôtesse de l’air et mannequin, vient aménager au-dessus de chez-lui. Après un délicieux quiproquo, le journaliste va rapidement se rendre compte que sa nouvelle voisine va transformer son havre de paix en enfer. Lui qui aime les levers et couchers à heures fixes va voir sa douce routine perturbée par les noubas endiablées de sa nouvelle voisine…
Mais pour se débarrasser d’un prétendant italien un peu trop pressant, Bebe va faire passer Norman pour son mari… C’est le début des ennuis pour le journaliste qui n’aspire qu’au calme et à la tranquillité...

Il est difficile de résister à cet album rafraîchissant et pétillant comme une coupe de champagne. La rencontre explosive entre deux extrêmes que tout opposent et que l’amour va pourtant rapprocher a déjà été écrite cent fois, si ce n’est plus! Et pourtant, lorsque c’est raconté avec le talent de Gihef et mis en scène avec les dessins très stylisés et délicieusement désuet d’Antonio Lapone, la magie opère dès les premières planches…
Des voisins décalés aux collègues branchés de Bebe, de l’italien charmeur et vaguement mafiosi prêt à tout pour obtenir les faveurs de la charmante hôtesse, du journaliste vieux garçon qui, n’aspirant qu’à retrouver sa tranquillité perdue, se moque bien du pont d’or que lui esquisse son patron, la galerie de personnages concoctés par Gihef est délicieusement jubilatoire, le tout mis en scène avec un sens du rythme parfaitement maîtrisé par un Antonio Lapone (
A.D.A. ,
Accords sensibles,
Adam Clarks…) comme toujours particulièrement inspiré.

Son trait, épuré et plein d’élégance, est rehaussé par la colorisation subtile d’Anne-Claire Thibaut-Jouvray qui achève d’ancrer l’histoire dans les sixties. L’approche très graphique du dessinateur italien, évoquant celle de l’immense Yves Chaland, trop tôt disparu, fait une fois de plus merveille. Le découpage de ses planches, plein d’audace et d’inventivité, s’avère presque musical. Pour un peu on entendrait les premières mesures des rocks hypnotique et enfiévrés qui rythment les fêtes hypes et nocturnes de Bebe... Au grand désespoir de Norman!
Greenwich Village est une comédie sentimentale et romantique rafraîchissante et jubilatoire. Suivant le canevas classique des opposés qui s’attirent, les deux auteurs parviennent à captiver le lecteur par la truculence des dialogues, un sens du rythme savoureux et le formidable dessin épuré et stylisé d’Antonio Lapone...
Love is in the air est un album rafraîchissant, léger et pétillant comme une bulle de champagne, à consommer sans modérations!