Hormis le dytique de Jacques Ferrandez, qui remonte à déjà près de 20 ans, l’oeuvre de Marcel Pagnol n’a pas connu d’adaptation en BD. Chose d’autant plus étrange que le neuvième art qui combine les deux passions de l’auteur, à savoir l’écriture et l’image. Près de quarante ans après la disparition du romancier, dramaturge et cinéaste, les éditions Bamboo se proposent d’adapter l’œuvre de Pagnol en bande-dessinée, avec l’aval de son petit-fils, Nicolas Pagnol…
Blanchard, nouveau venu dans le Grand Lycée de Marseille, enseigne depuis près de 24 ans. Surnommé Merlusse, il n’est guère apprécié, tant des enfants que de ses collègues. Craint de ses élèves, repoussant, peu aimable, il attend désespérément une promotion que l’administration, sous l’impulsion du censeur, lui refuse, lui préférant un collègue plus convenable.
Alors que se profilent la fin d’année, il est chargé de surveiller les pensionnaires que leurs familles ont préféré laisser au lycée… Rien ne se passera vraiment comme prévu… Merlusse est même contraint d’accepter de remplacer ses collègues au pied levé, au grand désespoir de ses élèves…
Il est amusant de revoir les noms de Pagnol et de Scotto à nouveau associés en tête d’affiche! Mais ici, ce n’est pas Vincent Scotto, le compositeur attitré de Marcel Pagnol, dont il est question, mais de Serge Scotto, dessinateur mais surtout scénariste de BD. Associé au scénariste Éric Stoffel (
Arvandor,
Pandora…), ils signent un scenario intelligent qui respecte tant la trame que les personnages, profondément humains et attachants, imaginés par Marcel Pagnol. Les dialogues savoureux conservent quant à eux tout ce qui faisait leur charme et leur efficacité.
Il était audacieux d’amorcer cette collection avec ce titre méconnu de l’auteur. Premier scénario écrit spécialement pour le cinéma par l’auteur-académicien, ce film de 1935 n’a pas la notoriété d’un
Topaze, d’un
Schpountz, d’un
Manon des Sources ou d’une
Femme du boulanger. Pourtant, l’histoire mérite indéniablement le détour, conférant au lecteur la furieuse envie de voir le film.
Le trait réaliste de A.Dan (
La Faute au Midi,
Pour un peu de bonheur…) s’avère particulièrement efficace pour retranscrire le caractères et les états d’âme des différents protagonistes et faire revivre une école du début du XXème siècle. La couverture est très finement composée, attire d’emblée le lecteur, et les amateurs apprécieront le petit cahier graphique qui complète l’album.
Merlusse, adaptation de la première histoire écrite par Marcel Pagnol pour le cinéma est un délicieux conte de Noël. Porté par un personnage bougon et peu aimable mais finalement très attachant lorsque se révèle sa part d’humanité, il donne au lecteur l’envie de voir (ou de revoir!) ce film peu connu du célèbre romancier, cinéaste et académicien… La rencontre de Pagnol et du neuvième art apparaît ici comme une évidence…