Voici donc, avec un titre pour le moins interlope, le troisième opus d’Azimut, une série azimutée et poétique signée par l’éclectique et talentueux Wilfrid Lupano et somptueusement mis en image par un Jean-Baptiste Andréae comme toujours très inspiré…

Pour préserver sa beauté et sa jeunesse, Manie Ganza a passé un terrible marché, échangeant des siècles de vie contre des milliers de morts… Sa mère, la Reine d’Ether, cherche à tuer son insolente fille qui ose vouloir paraître plus jeune qu’elle alors que les royaumes se préparent à la guerre, pour la plus grande joie du baron Chagrin…

Dans cet ambiance chaotique, le professeur Aristide Breloquinte poursuit sa folle quête pour percer les secrets du Temps, source de tous les conflits, alors que les primordiaux réunis leur conseil ce qui n’était pas arrivé depuis quelques millénaires…

Difficile de ne pas penser à Alice aux Pays des Merveilles ou au Magicien d’Oz en lisant les tribulations des différents personnages de cet univers baroque et joyeusement foutraque plein de charmes et de poésie.

Le scénario chorale se poursuit sur un rythme échevelé, avec des personnages loufoques et improbables qui se croisent et se recroisent au grès de leur pérégrinations. Une sacrée pagaille règne sur l’univers depuis que le pôle nord a succombé au charme de l’opulente poitrine de la belle Manie Ganza, délicieuse égoïste prête à tout sacrifier (surtout les autres) pour rester éternellement jeune… Le Petitguistan, bien qu’humilié, diminué et quelque peu outragé, s’apprête à entrer en guerre avec ses mécha sexys, le conseil (restreint) des Primordiaux tourne court, le professeur Breloquinte est en passe d’être capturé et sans doute dévoré par une tribu anthropophage, Manie, prenant sur le tard conscience du prix à payer semble sombrer dans la dépression, alors que l’ancienne légende des amants éternels refait surface et semble prendre corps… et quel corps!

Toujours sublime, le dessin de Jean Baptiste Andreae est en parfaite osmose avec le scénario poétique et décalé de Wilfrid Lupano. Rehaussée de couleurs soignées, ses planches fourmillant de détails baroques nous en mettent plein les mirettes. Il met en scène avec une redoutable efficacité cette galerie foisonnante de personnages hauts en couleurs et déjantés imaginés par son complice scénariste qui lui a taillé un monde à la mesure de son immense talent…

Poursuivant leur formidable odyssée loufoque et poétique, Wilfrid Lupano et Jean Baptiste Andreae signent un album superbe, drôle et décalé toujours aussi enthousiasmant. Dans un monde balayé par la guerre et la folie, nos personnages vont avoir fort à faire pour percer les insondables mystères du temps…

(*) : Paul Morand