Crée en 1959 par Raymond Macherot dans les pages du Journal de Tintin, Clifton a été mis en scène par de nombreux auteurs. Bob de Groot, Greg, Bédu et Michel Rodrigue ont prêté leurs plumes à l’ancien colonel de l’armée britannique qui a été mis en image successivement par Turk, Jo-El Azara, et les mêmes Bédu et Michel Rodrigue… Huit ans après la Balade Irlandaise, voilà que le détective amateur reprend du service sur un scénario du très éclectique et talentueux Zidrou et des dessins signés du non moins talentueux Turk qui abandonne son Léonard, le temps d’un album…

Clifton, jeune retraité de l’armée de Sa Majesté Britannique va reprendre du service pour enquêter sur une série d’incident (et d’accidents!) mystérieux survenus sur les routes londoniennes : subitement déboussolés, des conducteurs anglais se mettent à conduire comme de vulgaires français en roulant à droite, provoquant de nombreux accidents…

Cela n’est pas sans chagriner les cadres d’une compagnie d’assurance devant indemniser leurs clients. Ils vont faire appel au plus célèbre des détectives amateur, j’ai nommé Harold Wilberforce Clifton… L’enquête va le conduire Clifton à dévoiler un bien inquiétant complot…

Après avoir repris Ric Hochet avec un certain brio, Zidrou s’attaque donc à un autre personnage emblématique de la BD humoristique… Et le fait est qu’il est difficile de résister à l’humour so british et pince-sans-rire qu’il distille dans des dialogues truculents et des situations particulièrement absurdes. Le scénario totalement déjanté se dévore avec un réel plaisir et le complot totalement loufoque ourdit par un ténébreux grand méchant s’avère irrésistible… Le moins que l’on puisse dire, c’est que les français en prennent pour leur grade…

Côté dessin, Turk maîtrise toujours son sujet. Dans la plus pure tradition de la BD franco-belge, son trait très expressif et ses «bigs noses» soulignent à merveille le comique des situations et le flegme britannique des différents protagonistes de l’intrigue…

Près de 8 ans après la publication du dernier tome de Clifton, c’est avec un réel plaisir que l’on voit le colonel détective amateur tiré de sa retraite par un Zidrou comme toujours très inspiré et un Turk aux crayons toujours aussi agiles…

Bien qu’âgé de 57 ans, Harold Wilberforce Clifton ne fait pas son âge… Il s’offre même une cure de jouvence en renouant avec ce qui faisait le charme de la série, à commencer par cet humour délicieusement pince-sans-rire et ce savoureux comique de situation…

La madeleine de Proust fonctionne à fond avec ce Clifton et les gauchers contrariés, album tout à la fois savoureux, drôle et totalement loufoque…