Verdun reste dans les mémoires comme l’une des batailles les plus âpres et les plus longues de la Grande Guerre. Et si cette confrontation ne fut en définitive qu’un coup d’épée dans l’eau, il s’en est fallu de peu pour qu’elle sonne une cuisante défaite pour l’armée française…
L’année 1915 touche à sa fin. Un faisceau de preuves convergentes tend à prouver que les allemands se préparent à lancer une attaque de grande envergure sur le saillant de Verdun, point stratégique de la défense française. Mais le Maréchal Joffre, commandant en chef des armées, reste persuadé que ces manœuvres sont un leurre destiné à détourner de la Champagne les troupes française et n’envoie pas les renforts attendus. Pire! Il fait transférer canons et munitions des forts de la ligne de crête vers d’autres parties du front...
Lorsque l’imminence de l’attaque devient une certitude, il est trop tard pour acheminer des renforts… A moins d’un miracle, Verdun est perdu…
Historien spécialiste de la Grande-Guerre, Jean-Yves Le Naour n’en finit plus de nous captiver avec ses albums, formidables ouvrages de vulgarisation… Après
Le Soldat inconnu vivant,
la Faute au Midi,
Les Taxis de la Marne ou
François-Ferdinand ou lie biopic consacré à
Charles de Gaulle, voilà qu’il nous entraîne dans les coulisses de l’emblématique bataille de Verdun…
Basé sur une solide documentation, il nous invite avec ce premier tome à découvrir les préparatifs de la bataille, tant du côté allemand que français. Il explose avec précision le contexte tant politique que militaire, donnant à voir que l’issue d’une guerre ou d’une bataille se joue parfois à d’infimes détails… Les certitudes inébranlables d’un commandant en chef, un Général introuvable à la veille d’une réunion capitale, des politiques craintifs qui n’osent pas critiquer les décisions du chef d’Etat-Major, une pluie qui vient inopinément retarder l’attaque allemande, offrant un répit capital à l’armée française…
Soutenu par un story-board de Marko (comme ce fut le cas sur
Aiò Zitelli, autre album consacré à la Grande Guerre) Inaki Holgado signe un album efficace qui fait revivre une époque. Si l’album s’avère classique dans son dessin et sa composition, les planches consacrées aux scènes de bataille s’avèrent particulièrement belles, rehaussée par une mise en couleur plus expressive. La couverture est quant à elle joliment composée avec la silhouette d’un crane se détachant dans le décor, évoquant la mort qui rôde…
L’album est judicieusement complété par un dossier passionnant de huit pages qui vient préciser et compléter le propos de l’album…
Conférant une dimension tragiquement humaine aux cadres de l’armée ou aux politiques qui pesèrent sur le destin d’une guerre, mêlant la grande et la petite histoire avec maestria, avant l’orage, s’avère être un album tout à la fois édifiant et passionnant.
Près d’un siècle après les évènements relatés, ce premier tome d’une série qui s’annonce prometteuse fait montre combien le neuvième art est un formidable outil de vulgarisation qui met l’histoire à la portée de tout un chacun… Un album à lire et à faire lire…