Sans être un récit de guerre, cet album va nous entraîne dans de nombreux conflits de la guerre froide en suivant le sillage d’un tank JS-2…
Sergeï Souvarov est le brillant ingénieur qui a travaillé sur le Tanl Joseph Staline, Modèle 2. Il a obtenue de pouvoir écrire « Cette Machine tue les Fascistes » sur le 500ème tank à sortir des chaînes de montage, à la place de breloques et autres décorations.
Après son baptême du feu en 1945, l’ingénieur qui a vérifié toutes ses soudures, projetant en lui son désir de vengeance, va suivre sa création sur différents théâtres d’opération, de Berlin à Budapest en passant par Cuba et l’Angola avant de finir sa vie en Afghanistan…
Sur le modèle du
Winchester '73 (1950), premier film du cycle de western d’Anthony Mann avec James Stewart, Jean-Pierre Pécau, historien de formation, tisse un récit fictionnel fortement ancré dans l’Histoire.
L’histoire démarre lorsque des enfants observent la carcasse d’un vieux char russe, agonisant dans les montagnes afghanes. Puis on remonte le temps à la naissance de ce tank russe, cinquante années auparavant, le jour où Sergeï Souvarov, l’ingénieur qui l’a conçu, achève de contrôler la moindre de ses soudures. C’est l’étrange relation entre ce tank et cet homme meurtri que nous conte cet album… L’histoire d’un monstre de métal qui connaîtra bien des équipages avant de rendre l’âme, et celle d’un homme de chair et de sang rendu fou par les crimes que la guerre l’a forcé à commettre.
Nerveux et percutant, le dessin à quatre main signé Damien et Senad Mavric s’avère particulièrement efficace pour dépeindre les différents conflits que va traverser le JS-2. Un soin tout particulier a bien évidemment été apporté à la reconstitution des uniformes, des armes et des blindés utilisés dans ces différentes zones de guerre. Et il y a cette couverture puissante et superbement composé qui fait éclater la maquette habituelle des ouvrages de Delcourt et qui, d’emblée, attire le regard…
L’album est judicieusement complété par un dossier, plutôt technique, présentant les tanks Joseph Staline.
Avec ce titre cinglant inspiré de Woody Guthrie, Cette machine tue les fascistes raconte l’histoire d’un tank Joseph Staline 2… Conçu pour combattre le nazisme, le blindé lourd servira le communisme jusqu’aux intégristes afghans, les trois grands totalitarismes qui ont cherché à asservir l’humanité et mettre à bas les démocraties…
Porté par le dessin percutant de Damien et Senad Mavric, le récit solidement documenté de Jean-Pierre Pécau s’avère aussi surprenant que glaçant, retranscrivant en condensé cinquante année de guerre vu par le prisme d’un tank…
(*)phrase inscrite par Woody Guthrie sur ses guitares