Airboy est un comics audacieux et joyeusement déjanté signé par James Robinson et mis en image avec humour et efficacité par Greg Hinkle…

La carrière de James Robinson, l’auteur de Starman et des 4 Fantastiques, est sur le déclin. A contrecœur, il accepte de reprendre Airboy, un héros des années 40 appartenant à l’âge d’or des super-héros. Il pense à Greg Hinkle pour mettre en image ses futurs scénarios… Mais pour l’heure il n’a pas le moindre soupçon de début d’amorce d’idée…

Pour trouver l’inspiration, ils vont l’espace d’une nuit de débauche sombrer dans l’alcool et la drogue… Encore sous l’effet de psychotropes variés, ils voient Davy Nelson, alias Airboy se matérialiser devant eux…

Formidable! C’est le premier mot qui vient lorsqu’on se lance dans la lecture de cet album atypique et vertigineux qui nous propose un récit joyeusement barré grâce à une délicieuse mise en abîme où les principaux personnages ne sont autres que les auteurs…

Dans l’album, la vie de James Robinson prend l’eau de toute part : il est considéré par un has been par les amateurs de comics, son couple bat dangereusement de l’aile et il se perd dans les drogues pour oublier se donner l’illusion qu’il peut encore redresser la barre… Il va entraîner Greg Hinkle, fervent admirateur de son travail, dans un badtrip à proprement parler hallucinant, sans qu’une once d’inspiration ne vienne illuminer leur soirée. Puis l’odyssée nocturne des auteurs est brutalement interrompue par l’apparition d’un Airboy tout droit sorti de la guerre contre les nazis qui l’a vu naître… Il a bien du mal à s’adapter à cette époque crasseuse et à digérer le fait de s’être battu pour que la société en arrive à un tel état de décrépitude… Son langage délicieusement désuet accentue le savoureux décalage entre l’univers imaginaire dont il est issu et la sordide réalité dans laquelle baigne scénariste et dessinateur chargé d’écrire un reboot de ses aventures… Et le lecteur est loin d’être au bout de ses surprises! James Robinson leur réserve encore bien des surprises!

Greg Hinkle met en image avec un talent évident le scénario déjanté et irrévérencieux de James Robinson. Il brosse un (auto)portrait décapant des deux auteurs, oscillant entre le sordide et l’émouvant avec une redoutable efficacité. Les teintes crépusculaires utilisées pour la partie réaliste du récit lui confèrent une atmosphère sombre et étrange, rendant l’apparition d’Airboy plus spectaculaire encore…

L’album est complété d’un making-off passionnant dont on regrette presque qu’il ne soit pas plus long…

Avec Airboy les éclectiques éditions Jungle inaugurent de façon fracassante leur nouvelle collection dédiée aux comics… Audacieux et atypique, cet album de James Robinson et Greg Hinkle est un petit bijou d’inventivité et d’efficacité. Les premières pages de l’album happent littéralement le lecteur pour l’entraîner dans l’univers tourmenté et halluciné d’un auteur en panne d’inspiration…

C’est tout à la fois drôle, caustique, provocant et iconoclaste… Le genre d’album qu’on dévore avec un plaisir jubilatoire et qu’on a une furieuse envie de faire découvrir au plus grand nombre!