



La nouvelle collection que les éditions Jungle consacrent aux comics démarre sous les meilleurs hospices avec deux titres enthousiasmants… Nous avons dit tout le bien qu’on pensait du caustique et jubilatoire
Airboy et force est de reconnaître que ce
Mystery Society, signée par le prolifique Steve Niles et mis en image par la talentueuse Fiona Staples, s’annonce des plus séduisant…
Nick Hammond et Anastasia Collins tenaient une modeste librairie avant de faire un gros héritage et de fonder la Mystery Society, une agence d’investigation qui s’est donnée pour but de révéler la vérité… L’occultisme et le paranormal deviennent leurs principaux centres d’intérêt…
Mais pour mener à bien la mission qu’elle s’est donné, la Mystery Society doit recruter de nouveaux membres…

Voilà une mini-série originale et rafraichissante qui nous propose une galerie de personnage iconoclaste : un couple d’enquêteurs audacieux et fortunés, un grand méchant bien barré et une poignée d’agents incongrus, tel Jules Verne (ou tout au moins son esprit!), qui s’invite en gueststar sous une forme pour le moins… disons… inattendue!
Bien moins sombre que les scénarios auxquels nous avait habitué Steve Niles (
30 jours de nuit,
28 jours plus tard…), l’intrigue de ce one-shot reprend les deux volumes de la V.O., esquissant un univers décalé et jubilatoire où se mêlent ésotérisme, science-fiction, fantastique et retro-futurisme dans un cocktail pétillant et rafraîchissant… La structure narrative originale est parfaitement maîtrisée. L’album s’ouvre sur le transfert en prison de Nick Hammond, coqueluche médiatique, pour se poursuivre sur un flashback expliquant comment l’un des fondateurs de la Mystery Society a pu se mettre dans un pétrin qui serait pour le moins inquiétant s’il ne prenait tout cela avec une étrange désinvolture… Le lecteur est ainsi immergé d’emblée au cœur de l’action dans cet album qui se poursuit sur un rythme soutenu truffé de personnages charismatiques ou incongrus et d’un grand méchant délicieusement caricatural qu’on ne voit guère que dans les série B.

Graphiquement, le trait vif et épuré de Fiona Staples fait une fois de plus merveille. Cette dessinatrice canadienne dont les lecteurs francophones ont découvert le talent dans l’envoûtant
Saga (série publié en V.O. après
Mystery Society puisque c’est d’ailleurs son travail sur cette série qui l’a fait remarqué par Brian K.Vaughan, scénariste de
Saga!) fait une fois de plus montre de sa maîtrise graphique. Ses pinceaux donnent vie à des personnages improbables tout droit sortis des pulp magazine qui pullulèrent entre deux-guerres. On appréciera tout particulièrement Secret Skull et Jules Verne, particulièrement réussis… Si la couverture de l’album s’avère aussi intrigante que réussie, elle ne reflète pas autant que celles de a V.O.l’ambiance décalée et joyeusement déjantée de ce savoureux one-shoot… C’est là la seule fausse note de l’album!
L’album est complété par un sympathique cahier qui revient sur la création graphique des principaux personnages de l’histoire…
Mystery Society avait le potentiel pour devenir une série au long cours mais les auteurs ont décidés à ne pas poursuivre plus avant les aventures rocambolesques de Nick Hammond et Anastasia Collins…
Qu’importe! Regroupant les deux albums de la V.O., cet album n’en reste pas moins être excellent divertissant qui n’est pas sans évoquer une version déjantée, fantastique et occulte de la série Mission Impossible…
Steve Niles et Fiona Staples signent un one-shot rafraîchissant plein d’humour et d’action qui fait se percuter l’univers d’Edgard Poe, de Jules Verne, de Bruce Geller et de Chris Carter pour un résultat original et jubilatoire…