Ceux qui ont déjà du vider la maison d’un proche parent disparu savent combien la chose est délicate, faisant remonter à la surface une foule de souvenirs… Avec
La Maison, ce récit touchant et autobiographique de Paco Roca aborde le sujet avec une rare subtilité…
Une année s’est écoulée depuis le décès de leur père. Deux frères et une sœur reviennent dans la maison où ils ont passé leur enfance pour la ranger et organiser sa vente. Mais chaque recoin réveille une part enfouie de leur mémoire…
Avant même d’entamer le récit, on sait qu’on va être bouleversé par ce roman graphique tout en pudeur et en retenue signée par l’auteur du bouleversant
Rides qui abordait avec tendresse et lucidité la maladie d'Alzheimer.
Vider et vendre la maison de son enfance, hantée par tant de fantômes et de souvenirs, c’est un peu tourner une page de façon irréversible. Ce n’est pas tant la valeur des choses qui prend de l’importance, mais les souvenirs qu’on y rattache et qui s’y cristallisent. Des bribes d’enfance, des fragments de vies éparses qui remontent à la surface, de petites choses en apparence insignifiantes mais qui revêtent pour nous, et pour nous seuls peut-être, une importance cruciale…
Pour cette fratrie que la vie a éloigné, ce sera l’occasion de se retrouver, d’évoquer ces souvenirs communs que chacun a vécu à sa façon, mais aussi de dénouer ces non-dits qu’on porte parfois comme un fardeau, de mettre en mots ces ressentis qu’on ne parvient pas toujours à exprimer…
Le trait classique de Paco Roca met en scène avec simplicité son récit intimiste qui sait se faire tour à tour touchant, léger, tendre ou bouleversant. Son découpage fait la part belle aux silences qui en disent souvent bien plus que des mots.
Avec pudeur, tendresse et mélancolie, Paco Roca aborde avec subtilité le deuil et la disparition d’un être cher, faisant naître l’émotion avec une justesse et une simplicité désarmante.
La Maison est un petit chef d’œuvre intimiste comme seul le neuvième art peut nous offrir…
(*)Quatre murs et un toit, Bénabard