Nicolas Jean et Yann Valéani concluent avec ce second tome leur diptyque de science-fiction. Avec un savoir-faire saisissant, les auteurs nous ont entraîné dès le premier tome à la suite de personnages attachants pour un intrigue rondement menée donnant corps aux inquiétudes de Stephen Hawkins qui affirmait encore il y a peu que « L'intelligence artificielle pourrait mettre fin à l'humanité »

Après avoir découvert que l’homme qui contrôlait Rocky à distance n’était autre que son père, Stan poursuit sa route aux commandes de son robot.

Son père a échafaudé un plan audacieux pour mettre un terme à la dictature de IAHVE, l’intelligence artificielle qui contrôle les machines et a asservit l’espèce humaine. Il est d’autant plus motivé qu’il fait partie de ceux qui ont donné les pleins pouvoirs aux machines, pensant œuvrer pour le bien de l’humanité…

Nicolas Jean continue de dérouler son histoire tout en nous entraînant dans le passé de Daniel, le père de Stan, alors que jeune scientifique idéaliste, il œuvrait comme chercheur dans l’équipe de Magnus. Le flashback est rondement mené, s’amorçant par l’arrivée de Daniel Gelbstein sur Caldoria, de sa rencontre avec Mira qui deviendra sa compagne et la mère de Stan… Le scénariste nous entraîne aux origines du mal, esquissant de façon concise mais précise l’enchaînement des événements qui ont présidé à la prise de pouvoir des machines et à la tragique situation que nous connaissons… Ce faisant, il tisse un récit d’anticipation glaçant où l’homme perd la maîtrise de sa destinée, décrivant les différentes attitudes possibles de l’humanité, de la lutte acharnée, au risque de tout perdre, à l’acceptation de la servitude pour la survie de l’espèce.

Graphiquement, le dessin expressif de Yann Valéani s’avère de haute-tenue. Soutenu par la colorisation impeccable de Gaëtan Georges, ses planches immergent le lecteur au cœur d’un futur incertain où les machines ont pris le contrôle. Son trait, tirant parfois à l’épure, ne s’encombre pas de fioritures pour servir au mieux le récit de Nicolas Jean. Son sens du cadrage s’avère particulièrement aiguisé, apportant une dimension très cinématographique et un dynamisme épatant à ses planches. C’est peu dire que nous attendons ses prochains albums avec une certaine impatience!

S’inscrivant dans une veine classique, on peine à croire que ce diptyque de science-fiction est le premier scénario de Nicolas Jean tant il s’avère parfaitement maîtrisé.

Porté par le dessin référencés mais doté d’une forte personnalité de Yann Valéani, Rock & Stone séduira sans nuls doutes les amateurs d’univers d’anticipation dystopique de par ses personnages attachants et la construction du récit qui s’achève sur une note tragique mais porteuse d’espoir…

(*) Stephen Hawkins