Si tout le monde connaît
Le Vilain Petit Canard,
La Bergère et le Ramoneur ou
La Petite Fille aux allumettes, plus rares sont ceux qui connaissent l’homme derrière la plume… Avec malice et inventivité, la talentueuse Nathalie Ferlut s’empare du personnage de Hans Christian Andersen pour écrire une biographie graphique envoûtante…
Il était une fois un cordonnier. Un jour, il récupéra le catafalque désormais inutile d’un homme bien né. Il fit de ce lit funèbre son lit de noce et c’est là que naquit le jeune Hans Christian. Le cordonnier était poète et dévoila à son fils un monde merveilleux où les choses inanimées étaient dotée d’une âme… Las! attiré par le mirage des guerres napoléoniennes, son père meurt, laissant le jeune garçon seul avec une mère qui le croit fou…
Mû par l’envie de devenir célèbre, il s’essaye au chant et à la danse avant de se passionner pour l’écriture… Même si lui seul le savait, ce jeune garçon rêveur et attachant allait devenir l’un des plus grand auteurs de contes en forçant un peu la main au destin…
Ecrire une biographie dessinée d’Andersen était déjà une bonne idée en soit mais l’idée de situer le récit sur la lisière ténue séparant ses contes de la réalité s’avère tout à la fois audacieuse et captivante.
Mais avant même de se lancer dans la lecture, c’est le dessin qui attire l’attention, à commencer par cette couverture superbe et mystérieuse où l’on voit le visage du conteur entouré silhouette découpée évoquant des fragments de contes de l’écrivain danois et faisant référence à un autre talent d’Andersen…
L’album s’amorce comme un conte, sur un ton faussement léger qui dépeint une enfance douce et tragique. La perte du père, la volonté farouche de devenir célèbre, les revers de fortune, les bienfaiteurs et cette foi inébranlable en sa bonne étoile... Nathalie Ferlut fait montre de malice et d’une inventivité graphique saisissante pour la composition de planches pleines de vie et d’espièglerie, mêlant éléments fictifs tirés de contes, plantes ou animaux parlants et vie de cet incroyable créateur…
L’humour et la légèreté des premières pages s’obscurcissent peu à peu alors que sa part d’ombre remonte à la surface, estompant la candeur et la touchante naïveté d’Andersen. Ce faisant, la scénariste-dessinatrice esquisse un portrait touchant, complexe et nuancé de ce personnage tourmenté, sensible et romantique…
Elle dépeint les relations que tisse Andersen aux autres de façon saisissante, parvenant à les retranscrire avec tendresse, justesse et subtilité…
Un passionnant dossier vient refermer l’album, revenant sur de nombreux éléments de la vie d’Andersen…
Nathalie Ferlut signe un album en clair-obscur en tout point remarquable. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette couverture énigmatique et envoûtante, de son trait plein de poésie ou de ses planches lumineuse et pleines d’inventivité graphique… L’auteur mêle avec talent l’œuvre et la vie de l’auteur, nous montrant comment elles se mêlent et s’entremêlent de façon inextricable, entraînant le lecteur dans un songe éveillé envoûtant…
Andersen, les Ombres d’un Conteur est un album audacieux, passionnant et bouleversant… un des albums incontournables de cette rentrée!