Androides est une nouvelle série-concept donc chaque album propose une histoire auto-conclusive menée par un nouveau duo de scénariste et de dessinateur. Comme son nom l’indique, dans ce nouveau terrain de jeu, les auteurs mettront en scène des androïdes et leurs relations complexes avec leurs créateurs humains…
XXVème siècle. L’ISS Ocygen est le premier vaisseau d’exploration spatiale à quitter la Terre avec des enfants à son bord. En alternant phases d’hibernation et de réveils, plusieurs familles se relaient aux commandes du navire pour explorer l’espace… AC7+, androïde de compagnie connaissant un stock illimité d’histoires, est chargé de s’occuper des petits lors de leur éveil…
Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le système solaire, l’ISS Ocygen essuie une pluie de météorites qui transforme rapidement le vaisseau en épave… Les survivants lance un appel désespéré à la planète-mère et tente de réparer un vaisseau bien abîmé… Mais rebrousser chemin leur prendra plusieurs siècles… Seul Ulysse, bébé né durant le voyage, a une chance de voir un jour la Terre…
Les décennies passent et Ulysse est un vieil homme lorsque le vaisseau amerrit sur la Terre… AC7+ ne peut que constater que l’humanité a régressé de plusieurs millénaires…
Comme tout bon récit de SF, le scénario d’Olivier Péru pose les bases d’une réflexion sur l’humanité et sa sauvegarde au travers le prisme des célèbres lois de la robotique, fruit d’une réflexion saisissante d’Isaac Asimov, incontournable écrivain de SF qui fit évoluer ses lois au fil de ses romans pour obtenir un tout la cohérence qui force l’admiration… Son histoire se pare des atours du conte, lorgnant évidemment sur l’Odyssée d’Homère comme le suggérait le prénom du jeune héros.
A travers trois I.A. (AC7+, Isabella -l’IA du vaisseau- et celle d’un robot guerrier qui s’est donné pour mission de préserver l’Humanité), le scénariste s’amuse à triturer les lois de la robotique, donnant à chacune des trois I.A. différents degré d’interprétations et d’application de ces dites lois. Il teinte son récit des idées séduisantes et vertigineuses de Philippe Philip K. Dick qui s’interrogeait sur la capacité d’un androïde à éprouver des sentiments humains, de l’empathie... ou même à rêver de moutons électriques (in
Do Androids Dream of Electric Sheep? qui inspira
Blade Runner à Ridley Scott)…
Graphiquement, GeyseR signe des planches superbes et le travail de coloriste de Sébastien Lamirand n’y est pas pour rien… Le trait semi-réaliste du dessinateur fait merveille pour retranscrire tant l’atmosphère qui régnait dans l’ISS Ocygen que celle baignant cette Terre où l’humanité a régressé de plusieurs millénaires… Mais, surtout, GeyseR parvient avec une facilité déconcertante à insuffler une part d’humanité à AC7+ et à mettre en image la relation privilégiée qui le relie à Ulysse…
Difficile de conclure cette chronique sans souligner le formidable travail réalisé par le maquettiste qui nous offre une fois encore une couverture somptueuse mettant joliment en valeur la superbe illustration y figurant… Pour ce qui est du lettrage, mes vieux yeux ont parfois du mal à décrypter les propos de la volubile d’Isabella (l’I.A. du vaisseau), ce qui rend la lecture un brin ardue…
Avec le second tome d’Android, série concept particulièrement enthousiasmante, Olivier Peru et GeyseR signent un conte cybernétique enthousiasmant qui joue avec les lois de la robotique d’Assimov et les androïdes de P.K. Dick pour tisser un récit touchant et poétique.
Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette histoire à double détente portée par des dessins superbes et dynamiques et un scénario au cordeau original et inventif…