







Si
Pandémie est indéniablement un excellent jeu coopératif qui a été décliné et enrichit à de multiples reprises, bon nombre de joueurs le trouvaient un brin froid…Chuck D. Yager revisite le chef d’œuvre de Matt Leacock en l’accommodant (avec brio) à la sauce lovecraftienne… Et le fait est que cette nouvelle mouture s’avère bien plus immersive que son prestigieux grand-frère…

Règles et matériel

De l’illustration de couverture à celles des cartes, du plateau et des règles, tout a été pensé pour immerger les joueurs dans les ambiances angoissantes chères à H.P. Lovecraft, écrivain américain, grand maître de l’horreur fantastique qui a tissé au fil de ses romans et autres nouvelles un univers oppressant et glaçant…
Le matériel est somptueux. Le plateau est sublime tout en étant parfaitement lisible et fonctionnel. Les cartes Indice et Investigateur, Grands Ancien ou Reliques ont fait l’objet d’un soin tout particulier, de même que les figurines des joueurs, des cultistes ou des terrifiants Shoggoth… Le matériel, somptueux, contribue indéniablement à l’immersion dans la thématique et au plaisir de jouer… C’est peu dire que Chris Quilliams, Atha Kanaani et Philippe Guérin ont fait du bon boulot!

Le livret de règles (12 pages) est lui aussi magnifique. L’illustration de couverture est inquiétante à souhait alors que la maquette et l’iconographie utilisée donnent la furieuse impression de compulser un grimoire interdit… La règle est introduite par une nouvelle de deux pages qui donne le ton…
Matériel : 44 cartes Indice, 7 cartes Investigateur, 4 aides de Jeu, 12 cartes Reliques, 4 cartes le Mal se répand, 24 cartes Invocation, 12 cartes Grand Ancien, 7 figurines Investigateur, 26 figurine Cultistes, 3 figurines Shoggoth, 18 jetons de Santé Mentale, 1 dé de Santé Mentale et un (superbe) plateau de jeu

Déroulement d’une partie
Mise en place
La mise se ne place peut sembler un poil complexe de prime abord. Mais d’une part la double page des règles est fort bien faite et d’autre part, après quelques parties, elle s’avère particulièrement fluide… Les joueurs peuvent sans ambages se lancer dans l’aventure…
Déroulement
Le tour de jeu d’un joueur se découpe comme suit :

1
Effectuer 4 actions pour se déplacer, combattre des cultistes, vaincre un Shoggoth, échanger Indice et Reliques, sceller un Portail…
2
Piocher 2 cartes Indice et éventuellement faire progresser le mal.
3
Révéler des cartes Invocation et placer 1 Cultiste sur le lieu désigné. Si 3 Cultistes s’y trouvent déjà, un Rituel d’Eveil se déclenche, dévoilant la prochaine carte Grand Ancien dont l’effet est appliqué. Si un icone Shoggoth figure sur une carte Invocation, toutes les figurines Shoggoth sont avancées d’une case vers le Portail le plus proche, déclenchant éventuellement un Rituel d’Eveil…
Fin de partie
S’il n’existe qu’une façon de vaincre Cthulhu (sceller les 4 Portails), il existe de multiples façons de perdre : Cthulhu se réveille, plus assez de Cultiste ou de Shoggoth dans la réserve, de cartes Indices dans la pioche… Dernière option : tous les joueurs deviennent fous… Ils perdent sans même s’en rendre compte!

l’Avis de la Rédaction

Bon nombre d’accrocs aux jeux de société furent en leur temps des mordus du JdR… Vie familiale et professionnelle obligent, ils se sont repliés sur un loisir moins chronophage et tout aussi passionnant. Bien souvent, les jeux racontant une histoire font partie de ceux les attirant le plus…
Pandemic : le Règne de Cthulhu fait indéniablement parti de ceux-là…
Le matériel irréprochable, la qualité des illustrations et les mécanismes bien pensés rendent ce jeu particulièrement immersif, rappelant aux anciens rôlistes de savoureuses sensations, façon madeleine de Proust… Chaque joueur incarne un Personnage doté de capacité qui lui sont propres et viennent subtilement modifier le cours du jeu. Même la santé mentale n’a pas été oubliée et la folie guette nos valeureux (ou inconscients!) Investigateurs!

Faire progresser le mal, pénétrer sur une case occupée par un Shoggoth (et réciproquement) ou utiliser une relique entraîne le lancer d’un dé qui peut mettre en péril l’équilibre mental du personnage… S’il devient fou, sa carte est retournée et ses capacités d’action et pouvoirs s’en retrouvent amoindris…
La progression du Mal est tendue à souhait en plus d’être cohérente : regroupés les cultistes peuvent invoquer un Shoggoth qui œuvrera au réveil de Grands Anciens qui instaureront par petites touches le règne de Cthulhu (qui pour l’heure dort en ronflant dans la Cité de R'lyeh). La tension va crescendo et les choix à chaque tour seront bien souvent cornéliens et tragiques…

On pouvait légitimement se demander si ce
Pandemic: le Règne de Cthulhu ne risquait pas de faire doublon avec
Pandémie… La réponse est clairement non. Tout d’abord, thématique oblige, le jeu se fait plus immersif et de ce fait plus captivant. De plus, si une partie des mécanismes de
Pandémie est reprise ici, Chuck D. Yager y a apporté suffisamment d’éléments novateurs pour en faire un jeu réellement original : l’introduction des stations de bus, la progression des Shoggoth, la santé Mentale (et la folie qui guette), les reliques et leur effet pervers, la carte épurée, les notions de portails, les grands anciens et leur pouvoirs qui entravent les actions des joueurs et les obligent à s’adapter… et assurent des parties très différentes dans leur déroulement! Une foule de nouveauté donc, qui rend ce jeu incontournable pour tout amateur de jeu coopératif et adepte de l’œuvre de Lovecraft… Et si en plus ils sont fan de pandémie, c’est LE jeu à posséder!
Encore une chose, loin d’être anecdotique : la difficulté est subtilement dosée et, entre les parties de découverte, standard et héroïque, il y aura de quoi offrir de réels challenges aux investigateurs débutants ou confirmés…

Loin d’être une resucée de son grand frère, Pandemic : le Règne de Cthulhu est un jeu captivant où mécanique et thématique sont en parfaite osmose pour des sensations de jeu très différentes de Pandémie…
Tout en conservant l’esprit de Pandémie, Chuck D. Yager a su créer un jeu original et enthousiasmant qui ravira les amateurs de jeux coopératifs bien ficelés offrant de véritables challenge aux joueurs et des parties sans cesse renouvelées…

On aime...

le matériel somptueux et immersif

la progression du mal

la mécanique en osmose avec la thématique

une expérience ludique très différente de celles de Pandémie

les nouveautés obligent les joueurs à revoir leurs automatismes pandémiques

On n'aime pas...

il faut aimer le poulpe (mais nous, on adore