


Le duo (certes, trio serait plus approprié) du troublant
Jolies Ténèbres se reforme pour un récit fantastique, aventureux et intimiste qui nous entraîne dans les entrailles de la Terre…
Charlotte participe à une expédition dans une grotte souterraine pour retrouver la trace de son frère disparu plusieurs mois auparavant. Ce dernier, scientifique s’appuyant sur les théories de l’évolution Darwinienne, souhaitait rien de moins que prouver l’existence de l’Enfer…
Le petit groupe de spéléologue s’enfonce dans les entrailles de la Terre, découvrant peu à peu qu’une flore et une faune fascinante et dangereuse habitent sous la surface, dévoilant une civilisation inconnue avant de poursuivre plus loin l’aventure, s’aventurant dans ce qui pourrait bien être l’Enfer, dans l’espoir fou d’y retrouver Constantin…
Six années après la publication du premier opus de la série (publié originellement chez Dargaux), voilà que l’on peut enfin lire l’intégralité de cette histoire étrange, récit d’exploration souterraine et d’aventure intérieure.
Difficile tout d’abord de ne pas être attiré par la superbe couverture de l’album… Superbement composée et magnifiquement réalisée avec la couverture matte et le lettrage doré en relief, elle fait partie des plus belles couvertures de la collection Métamorphose qui en compte pourtant des somptueuses…

Si la première partie de l’album est suffisamment intrigante pour donner envie au lecteur de poursuivre, force est de reconnaître que le récit concocté par Fabien Vehlmann prend toute sa mesure dans la seconde moitié du récit où on voit la jeune et discrète Charlotte révéler sa personnalité riche et torturée, faisant de
Satanie un récit initiatique chargé de symboles, de références ou d’hommage, notamment au Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne… Savoureuse et inattendue, la fin de l’album conclue joliment un récit iconoclaste et poétique parfaitement maîtrisé.
Pour mettre en image ce récit poétique, il fallait un grand dessinateur à même de retranscrire cette atmosphère si particulière. Kerascoët, dessinateur bicéphale à qui on doit entre autre les bouleversant
Beauté et le mordant
Miss pas Touche (tous deux scénarisés de Hubert) est de cette trempe… Rehaussé par des couleurs superbes, ses visuels entraînent le lecteur dans un univers quasi organique peuplé de créatures fantastique et d’une végétation foisonnante. Une fois encore, son trait faussement naïf s’avère à la fois envoûtant, expressif, cruel, tendre et sensuel… du grand art!
Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette histoire fantastique mêlant habilement aventure, théories scientifiques post-darwinienne, récit initiatique, poésie, onirisme et psychanalyse…
Superbement édité et magnifiquement mis en image par Kerascoët, ce récit de Fabien Vehlmann trouve enfin sa conclusion, pour notre plus grand plaisir…