Rares sont les albums qui bouleversent et remuent comme
Le Perroquet… Dans cet album coup de poing, Espé aborde avec finesse et subtilité la maladie mentale, un sujet encore tabou dans nos sociétés contemporaines…
Du haut de ses huit ans, Bastien est depuis toujours confronté à la maladie de sa maman…
En apparence, elle ressemble à toutes les mamans du monde… Mais lorsqu’une crise survient, elle est méconnaissable. Les médecins disent qu’elle souffre de troubles bipolaires à tendances schizophrénique… Elle doit régulièrement faire des séjours et établissement spécialisés et continuellement prendre des médicaments qui semble l’éteindre peu à peu…
De crises en thérapies et de thérapies en crise, Bastien nous raconte sa vie, avec ses yeux et ses mots d’enfants…
Comme l’auteur le précise, la vie de Bastien n’est pas sa propre vie… Mais son vécu a alimenté son récit, lui conférant cette force indéniable qui vous prend aux tripes, vous secouent, vos bouleverse, vous met plus d’une fois le cœur au bord des lèvres et les larmes aux bords des yeux…
Avec une simplicité désarmante, qui n’est on le sent qu’apparente, l’auteur nous livre une autofiction bouleversante, nous donnant à voir et à ressentir les émotions de ce petit bonhomme de huit ans, nous montrant la maladie vue à auteur d’un fils aimant qui a bien du mal à comprendre ce qu’il vit… S’aidant de son imagination, l’enfant interprète à sa façon les évènements qui ponctuent son quotidien…
Le découpage en chapitres courts, comme des bribes de vie remontant à la surface, permet à l’auteur de ménager de purs moments de grâce et des bulles d’espoir… qui explosent immanquablement dans un fracas assourdissant… Les crises sont mises en images avec une si redoutable efficacité qu’on appréhende leur venue et, lorsqu’elles se déclenchent, on aimerait qu’elles s’achèvent au plus vite pour n’être plus qu’un mauvais souvenir…
Difficile de ne pas être profondément touché par la sincérité désarmante qui se dégage de chaque scène et de chacun des personnages. Cette grand-mère attentionnée qui tente de compenser l’absence de mère, ce grand-père si désemparé qu’il ne peut accepter la maladie de sa fille et ce père attentionné qui souffre en silence et lutte pied à pied et avec un courage saisissant contre la maladie qui brise chaque jour un peu plus la femme qu’il aime… Car c’est bien d’amour dont il s’agit…
Le Perroquet parle avec dureté et lucidité d’une maladie encore taboue… Mais c’est aussi, avant tout même peut-être, une histoire formidable histoire d’amour et une superbe leçon de vie…
La question qui agite le lecteur tout au long du livre quant à la justification du titre trouve son explication, belle et tragique à la fois, dans les dernières pages du livre… Ce dernier s’achève sur une note d’espoir, une lueur tendre, douce, et presque apaisante…
Avec une sincérité saisissante, Espé met en lumière une maladie encore méconnue car presque invisible et toujours taboue dans notre société.
S’appuyant sur son vécu, l’auteur parvient à mettre en mots et en images les sentiments confus qui animent un petit garçon de huit ans désarmés face à la maladie de sa maman… Avec une puissance évocatrice bouleversante, l’auteur nous montre comment Bastien se réfugie dans l’imaginaire pour interpréter les événements auquel il est confronté et supporter les crises, insoutenables, qui ravagent sa mère.
Mais si l’autofiction d’Espé vous remue, vous chamboule et vous prend aux tripes, tant par le fond que par sa forme, l’histoire du petit Bastien est aussi une déclaration d’amour d’un enfant devenu grand à ses parents, à sa mère si fragile, bien sûr, mais aussi à son père, un de ces héros méconnu du quotidien…