Nicolas Juncker et Chico Pacheco poursuivent leur récit azimuté et reviennent sur les trépidants évènements qui ont eu lieu juste après la résurrection / le vol / la disparition du Christ (rayer les mentions inutiles avec un clou de la Sainte Croix).

Dans les épisodes précédents… Un beau matin de Pâques, un dimanche dit-on, il faut se rendre à l’évidence : non seulement le tombeau du Christ est ouvert (tout vert ???) au quatre vents mais en plus, il est vide… De deux choses l’une : soit, conformément aux Saintes Ecritures, il a ressuscité (alléluia, alléluia…), soit une des nombreuses factions œuvrant à Jérusalem l’ont subtilisé…

Si les apôtres caracolent en tête des hit-parades des suspects (n’ont-ils pas dit qu’ils mangeraient le corps du Christ lors de leur dernier repas sans doute trop arrosé ?), ils sont bien placés pour savoir qu’ils n’ont rien fait et arpentent en petits groupes les ruelles de Jérusalem pour retrouver le corps de leur Messie… Les Zélottes, fervents partisans de la révolution contres l’occupant romain font aussi de bons figure de coupable idéal, d’autant qu’ils ont envoyé façon puzzle les fragments d’un corps aux onze autres tribus d’Israël pour donner le signal du grand soir… Les marchands du Temple, pour le vendre en pièces détachées? Hérode pour se faire mousser auprès de Salomé en lui offrant la tête du fils de dieu sur un plateau? Les romains? Pourquoi pas mais ils mettent un tel zèle à le retrouver que cela pour le moins surprenant…

Et, pour compliquer le tout, les Saducéens sont entrés dans la danse avec leur terrifiant agent, Paul dit le Persecutor (à prononcer avec une voie caverneuse).

L’avenir n’est pas des plus radieux pour les apôtres… mais, lueur d’espoir dans un ciel pourtant chargé: les deux Jacques ont retrouvé le fameux chariot d’Hérode avec à son bord un corps empaqueté qui, n’en doutons pas, doit être celui du Christ…

De voir s’enchaîner les tomes à un rythme si soutenu tient indéniablement du miracle éditorial, à moins que le dessinateur ne se dope à la caféine pure pour pouvoir tenir le rythme effréné imposé par son tyran de scénariste… Graphiquement, Chico Pacheco signe des planches d’un dynamisme épatant, tant par son découpage, ses cadrages et son sens du inné du mouvement que par son trait caricatural formidablement expressif qui accentue les poses théâtrales de façon tout simplement irrésistible…

Nulle pause pour les différents protagonistes de ce récit quasi biblique rythmé comme un 24 heures chrono, l’humour déjanté en plus. Les apôtres continuent de s’entraîner intensivement pour le marathon, sillonnant ruelles et les places de Jérusalem au pas de course pour semer leurs nombreux poursuivants qui ne leur veulent pas que du bien. Judas, Grand Timonier des zélotes, frôle le burnout alors qu’aiguillonné par l’envoyé de l’Empereur, Pilate risque plus que jamais la crise d’apoplexie d’autant qu’une armée de prime abord peu amicale semble marcher sur Jérusalem…

Le corps de Jésus n’a pas disparu depuis 20 heures que déjà Jérusalem est en proie aux chaos et aux émeutes et qu’une armée est aux portes de l’antique cité…

Sur le rythme endiablé d’un 24 heures chrono qui aurait été mis en scène par Terry Gilliam et dialogué par Alexandre Astier, le tout truffé de références (anachroniques comme il se doit), Nicolas Juncker et Chico Pacheco poursuivent leur récit déjanté de ces heures qui allaient changer le destin de l’humanité…

Dans quatre heures, la messe sera dite et toute la vérité sera faite (ou pas) sur l’étrange disparition du corps sans vie de Jésus… Le suspense est insoutenable!