Après dix-sept albums, Elfes est une série d’heroic-fantasy qui n’en finit plus de nous enthousiasmer grâce à sa qualité d’écriture et au talent des dessinateurs qui mettent cet univers en image…

De son enfance, Ilaw n’en conserve que quelques bribes… A l’âge de sept ans, cet elfe sylvain fut abandonné par ses parents à son oncle, elfe bâtard et capitaine d’un navire pirate écumant les mers d’Arran.

Après une décennie à voguer de port en port au grès des engagements de son oncle, le jeune elfe doit lutter contre un sombre cavalier qui le pousse laisser libre court à la violence. Alors qu’ils exploraient une ville ravagée par les morts qui marchent à la recherche d’une enfant, leur navire est attaqué et ils n’ont plus d’autre solution que de fuir, poursuivis par une horde… Tous trouvent la mort sauf Ilaw qui survit miraculeusement à ses blessures…

Il va rejoindre une troupe hétéroclite qui lutte contre la progression des goules. Il va combattre à ses côtés et ensemble, remporter de nombreux combats… Mais leurs rangs s’éclaircissent au grès des affrontements et la fin semble inéluctable… D’autant qu’Ilaw est traqué par des elfes noirs venus de la Forteresse de Slurce… Bien qu’il l’ignore, Ilaw est l’un d’eux… Mais il est trop tard pour l’éduquer et ils doivent l’occire avant qu’il ne devienne incontrôlable… Le douloureux voile du passé va se déchirer, révélant des souvenirs douloureux qu’il avait enfoui dans les tréfonds de son âme tourmentée…

Traqué sans répit, sa route va croiser celle de Sriza, nain de l’Ordre du Temple, qui va lui apprendre à accepter sa véritable nature…

Le talentueux Nicolas Jarry qui préside aux destins des Nains dans la série éponyme signe un scénario captivant riche en péripéties et émotions… Car si on y retrouve ce qui constitue l’héroïc-fantasy, un univers original et des combats épiques et sanglants, c’est bien ses personnages qui donnent toute sa force au récit. Ilaw tout d’abord: enfant solitaire abandonné par ses parents et hanté par un sombre cavalier qui n’est pas sans évoquer le sombre passager de Dexter, un être sombre qui l’habite et le pousse à faire couler le sang. Doit-il lutter ou lui céder? Mais surtout, a-t-il seulement le choix?

Les longs récitatifs permettent au lecteur de pénétrer dans l’esprit de cet elfe tourmenté qui cherche à trouver sa place alors que le scénariste inscrit son récit dans la trame de du monde d’Arran servant de toile de fond…

L’autre personnage fort de cet album est Sriza, l’exorciste nain rompu aux arts de la guerre et qui a dû affronter ses propres démons avant que d’atteindre la sagesse qui se dégage de sa personne. Difficile de lire ce récit sans avoir l’envie d’en apprendre d’avantage sur cet énigmatique personnage… Qu’à cela ne tienne! Le huitième tome de Nains à paraître fin août lui sera consacré… On ne peut que s’en réjouir!

Avec Elfes, Gianluca Maconi retrouve Nicolas Jarry avec lequel il avait déjà travaillé sur Elya, spin-off des brumes d'Asceltis. Bien qu’un brin inégal, le trait du dessinateur italien porte efficacement ce récit et l’ensemble s’avère de bonne facture, d’autant que la colorisation lumineuse de Nicola Righi s’avère particulièrement convaincante…

Porté par un personnage sombre et tourmenté particulièrement bien écrit et se déroulant dans un univers riche et foisonnant, le scénario de Nicolas Jarry s’avère une fois encore pour le moins captivant… d’autant qu’on y découvre Sriza du Temple, qui sera le héros du prochain album de la série Nain qui se déroule lui aussi sur les Terres d’Arran…

Après dix-sept tomes un dernier cycle époustouflant, les auteurs d’Elfes parviennent à maintenir cette qualité d’écriture qui en fait indéniablement l’une des meilleures séries d’héroïc-fantasy du moment.

Chaque chose avait une juste place en ce monde et je percevais la mienne avec une acuité douloureuse et terrifiante...Ilaw

(*) en référence au film de Clint Eastwood