Philippe Richelle et Pierre Wachs referment avec
Mort d’un collabo l’une des pages sombres de l’histoire de France…
Londres, 1943. Le Général De Gaulle charge le Bureau Central de Renseignement et d’Actions clandestines de la France Libre d’unifier les différents mouvements de Résistance de l’hexagone pour l’heure déchirés entre les gaullistes et les giraudistes, partisans du général vichyste Henri Giraud.
A Paris, Peretti est chargé par le commandant Guillemain de contacter un dénommé Féval pour entreprendre les démarches d’unification… Las! Ce pseudo est celui utilisé par Trézelles, collaborateur patenté qui a mis ses industries au service de l’Allemagne nazie avant de sentir le vent tourner et rejoindre la Résistance… Celui-là même qui a été à l’origine de l’arrestation de Claire Morel, la compagne de Peretti… La discussion tourne au vinaigre et les deux hommes en viennent aux mains. Peretti abandonne Trézelle amoché mais vivant…
C’est pourtant mort qu’il est retrouvé le lendemain par son garde-chasse…
Comme de coutume, Philippe Richelle nous livre un polar remarquablement bien écrit qui propose une enquête solidement charpentée tout en dépeignant avec force détails la complexité de la France de l’occupation… Au centre du récit, la Résistance, de ceux qui ont rejoint Londres dès la défaite, à ceux qui ont cru aux promesses du vainqueur de Verdun , sans oublier les résistants de la dernière d’heure désireux de faire oublier leur collaboration avec l’occupant. Cette capacité de ce scénariste à mêler petite et grande histoire, personnage historiques et fictionnels force le respect, sinon l’admiration… Chacun de ses personnages s’avère tout à la fois riche, complexe et profondément humain, chacun possédant ses zones d’ombres et ses fêlures…
Par certains aspects, cette enquête évoque le
Police Python 357 d’Alain Corneau où à l’instar de l’inspecteur Marc Ferrot (incarné à l’écran par Yves Montand), Peretti chapote une enquête dont il va devenir le principal suspect…
Rehaussé par les couleurs de Claudia Boccato, le trait souple et élégant de Pierre Wachs immerge le lecteur au cœur des années noires de l’occupation, donnant vie à une foule de personnages hétéroclites particulièrement crédibles. Très cinématographiques, ses cadrages soutiennent au mieux l’action, conférant au lecteur la furieuse impression d’être le spectateur d’un excellent polar projeté en cinémascope…
Porté par le dessin élégant de Pierre Wachs, l’un des trois arcs narratifs de cette série en trois partie se referme sur la Mort d’un Collabo qui verra notre héros être la victime des mesquineries de l’un de ses collègues avant d’avoir maille à partir avec la justice de la France occupée puis du Paris libéré.
Jusqu’au bout le lecteur se demande quel sens donner au titre de cet album remarquablement construit qui ménage le suspense jusqu’aux toutes dernières pages… L’auteur des envoûtantes Amours Fragiles referme le premier volet de cette série historique de façon particulièrement convaincante…