Avec Kate's hell, Stephen Desberg et Bernard Vrancken referment Undercover, le neuvième diptyque de cette série froidement réaliste qui appuie là où le capitalisme a mal…

Larry Max a démissionné de l’Internal Revenue Service (I.R.S.) pour mettre ses connaissances approfondies des rouages du système financier au service d’une société privée pour servir au mieux les intérêts cupides d’homme riches et sans scrupules. C’est du moins ce que certains ont cru alors que des éléments concordants le désignerait comme un agent infiltré…

Mais Larry Max, rattrapé par sa vie privée alors que des fantômes du passé ressurgissent pour venir le hanter, il va passer son travail au second plan… Il y a d’abord les appels téléphoniques d’une femme prétendant être Gloria, alors que cette dernière est sensément morte et enterrées depuis plusieurs années… Et de récents événements vont jeter un trouble sur la mort de ses parents lors du crash de leur avion… De quoi ébranler ses certitudes les plus ancrées…

Dans le même temps, les milieux bancaires sont secoués par une vague de meurtres frappant les financiers dont les malversations sont à l’origine du krach boursier qui entraîna la ruine de millions de petits épargnants… Tout porte à croire que les deux affaires sont liées…

Comme à l’accoutumée, Stephen Desberg nous livre un diptyque particulièrement bien écrit qui mêle avec une habilité saisissante malversations financière et sombre histoire de famille… Bien que sa lecture soit particulièrement fluide, le scénario s’avère tortueux à souhait, poussant le lecteur à s’interroger sur les liens inextricables existants entre milieux politiques et financiers, source de bien des malheurs et de bien des misères.

La série de meurtres qui endeuille les milieux de la haute finance s’avère particulièrement bien conduite, montrant comment un groupe d’activiste altermondialiste, las de voir comment le cynisme et la corruption gangrènent nos sociétés contemporaines, peuvent en arriver à commettre l’irréparable pour cesser de subir la dictature de l’argent et tenter d’infléchir le cours des choses… C’est sombre et désespéré… mais froidement crédible…

Graphiquement, Bernard Vrancken nous livre une fois de plus un travail saisissant. Précis et élégant, son trait et ses cadrages cinématographiques s’avèrent d’une redoutable efficacité alors que les couleurs Bérangère Marquebreucq soulignent subtilement l’ambiance des différentes scènes de l’album…

Chacun des nouveaux diptyque d’IR$ se dévore comme la nouvelle saison d’une série TV ambitieuse et solidement documenté mêlant habilement polar et thriller financier…

S’inspirant de l’air du temps, Stephen Desberg signe avec Undercover un récit solide et entraînant, mis en scène avec élégance par un Bernard Vrancken particulièrement inspiré. Tout en déroulant une intrigue policière parfaitement orchestrée, le scénariste revient sur les zones d’ombre du passé Larry Max, éclairant d’une lumière nouvelle les tragiques événements survenus il y a peu…

Les amateurs de thriller financier seront indéniablement conquis par la conclusion de ce présent diptyque…