A travers la passion qui lia Edouard Manet et Berthe Morisot, Michael Le Galli et Marie Jaffredo se propose de nous brosser le portrait de deux artistes dont l’œuvre allait profondément marquer la peinture en général et l’impressionnisme en particulier…
1868. Berthe et Edma Morisot recopie les toiles des maîtres classiques lorsqu’elles sont présentées à Edouard Manet par son ami Henri Fantin-Latour. Toutes deux sont impressionnées par la prestance de ce peintre sulfureux dont les toiles font scandales… Lui-même n’est pas insensible à la beauté de Berthe à qui il demande bien vite de poser pour plusieurs de ses toiles Manet deviendra malgré lui le chef de file des impressionnistes et Morisot la première femme impressionniste.
Alors que l’art s’apprête à vivre une révolution, Edouard et Berthe ne cesseront de s’influencer l’un l’autre… Mais ce qui les lie dépasse l’estime que pourraient se porter deux artistes…
Bien que Manet et Morisot aient l’un comme l’autre contribué à l’histoire de la peinture, Edouard Manet, peintre d’origine bourgeoise dont plus d’une toile fut à l’origine de retentissants scandales demeure plus connu que Berthe Morisot… Et ce en dépis des rétrospectives, des livres ou des téléfilms qui ont été consacrés à cette figure de l’impressionnisme…
Le récit s’appuie sur la correspondance épistolaire qu’échangèrent Berthe et Edma Morisot, lettres qui auraient été en parties brûlées à la demande de Berthe… Avec force détails, les auteurs nous immergent dans le Paris en pleine mutation du crépuscule du second empire et reviennent avec finesse sur les scandales qui éclaboussèrent l’œuvre de Manet et en firent un peintre sulfureux, lui qui ne souffrit de ne pas voir ces toiles reconnues par l’académie. Sans doute était-il trop moderne pour l’époque, prude et hypocrite. Et lorsque ce dandy mondain et élégant qui ne rêvait que d’honneur fut choisi comme chef de file par les peintres désireux de s’affranchir de la tutelle sclérosante des peintres classiques, ce dernier refusa… Pour éviter un nouveau scandale?
Retrouvant une fois encore Michel Le Galli avec qui elle signa de nombreux excellents albums (
Les Démons de Marie,
Le Sang des Bâtisseurs,
Les Damnés de Paris), Marie Jaffredo replonge le lecteur dans une époque qu’elle affectionne. Avec finesse, elle redonne vie au Paris d’antan et aux figures artistiques de l’époque avec un trait plein de douceur et des couleurs particulièrement lumineuse.
Si l’usage du vernis pelliculé est désormais un classique pour mettre en valeur une couverture, force est de reconnaître que celle de cet album, rehaussé par cette technique, s’avère particulièrement élégante…
Michael Le Galli et Marie Jaffredo nous livrent avec Edouard Manet & Berthe Morisot, une passion impressionniste un récit passionnant et intimiste qui nous entraîne dans les milieux d’un art en pleine mutation : la peinture…
Sans l’avoir cherché, Edouard Manet, sulfureux dandy élégant et tourmenté, allait devenir le chef de file des impressionnistes. S’il aimait l’art et les femmes et se prit de passion pour plusieurs de ses modèles, sans doute l’inaccessible Berthe Morisot, artiste libre et indépendante qui devint l’épouse de son frère, fut son seul et véritable amour…
Passionnant et didactique, l’album retrace l’histoire de cette passion et de ces discussions qui enrichirent mutuellement la vision de l’art de ces deux figures de l’impressionnisme…
Huée, conspuée, traitée d’ordure innomable, d’offense à la pudeur, d’obscénité sans nom, ma Vénus a tout entendu…Edouard Manet, à propos de son Olympia