Marcial Toledano et José Robledo, les deux auteurs de l’épatant Ken Games unissent à nouveau leur talent pour nous proposer un polar nerveux et superbement mis en scène…

Pour protéger Yoshi, membre d’un gang de motards, son grand-père le confie à Seijun, un Maître Tatoueur pour qu’il l’initie à l’art ancestral du tebori.

Blessé suite à une agression, le maître n’a d’autre choix que de confier ses clients les plus importants à son talentueux élève et révéler les liens étroits qui l’unisse aux yakuzas… Mais, pour son malheur, Yoshi va tomber amoureux d’Otsuya, une cliente troublante qui s’avère être une flic infiltrée…

Grâce aux micros qu’elle a placés dans l’atelier de tatouage, une vague d’arrestation d’envergure va frapper le clan des au Yamaguchi-gumi… Mais Takeshii Mitsumune, leur obayun, parvient à leur échapper… Il n’a dès lors qu’un seul objectif : retrouver et tuer Yoshi…

Autant dire que sa vie ne tient plus qu’à un fil ténu…

Avant même de se plonger dans la lecture du troisième et dernier tome de cette incroyable trilogie, c’est une fois de plus la couverture de l’album qui accroche l’œil de façon saisissante. On y découvre un Takeshii Mitsumune on ne peut plus menaçant, laissant augurer des heures sombres pour le jeune Yoshi…

Avec un sens du rythme indéniable, Marcial Toledano nous entraîne dans ce polar nerveux. Dès la première séquence où l’on suit les forces de police procéder à l’arrestation de Takeshii Mitsumune, il nous immerge au cœur de l’action. Violent, diablement rythmé et écartelé entre modernité et rites ancestraux, le scénario de l’auteur espagnol se teinte de fantastique… Yoshi, qui encaisse durement la trahison de Otsuya, voit sa rationalité s’effriter alors que la nature est en passe de se déchaîner sur la Nagoya pour un final apocalyptique…

José Robledo effectue une fois encore un formidable travail sur cet album. Son découpage millimétré, ses cadrages incisifs et son incroyable sens du mouvement font une fois de plus merveille alors que son encrage souple et énergique et sa mise en couleur si particulière font de Tebori une œuvre unique…

Ecartelé entre tradition et modernité, entraînant le lecteur au cœur du japon contemporain, le scénario de Marcial Toledano est superbement mis en scène par le trait virtuose de José Robledo.

Mené tambour battant, oscillant entre le polar et le thriller, le tout teinté de fantastique, ce troisième tome referme cette trilogie de façon percutante et diablement efficace.

Au fil des pages, le scénario gagne en intensité pour un final dantesque, avant la pression ne retombe, une fois la vague passée… Bien que le calme ne soit peut-être qu’apparent…

Nous ne pouvons qu’espérer que les deux auteurs espagnols unissent une fois encore leur talent pour nous livrer des récits de la trempe de Ken Games et Tebori.

S’il y a une chose qui nous terrorise, nous, japonais, c’est de libérer le monstre qui est en nous.un yakusa