C’est non sans une certaine émotion que l’on s’est lancé dans la lecture de ce qui restera le dernier album de ce maître du neuvième art qu’est Jiro Taniguchi… Car l’auteur de l’Homme qui marche, de Quartier Lointain, du Sommet des dieux, ou du journal de mon père nous a quitté un triste jour de février 2017.

Japon, à la fin des années 50. Suite au divorce de ses parents et à la maladie de sa mère Wataru est recueilli par ses grand-parents. Le jeune citadin va devoir se faire à cette nouvelle vie à la campagne.

Très vite, la forêt millénaire qui entoure le village où il vit désormais va exercer sur lui une étrange fascination, comme si une force surnaturelle millénaire venue du fond des âge tentait d’entrer en communication avec lui…

Cet album devait être le premier d’une série que le maître du neuvième art ne pourra achever… Quel récit souhaitait-il nous conter? Le dossier relatant les coulisses du projet apporte de précieux éléments de réponse. Sans doute souhaitait-il inviter le lecteur à repenser sa relation avec la nature, à revenir aux fondamentaux, à délaisser l’aspect froidement matériel de nos société contemporaines…

Rehaussé par des aquarelles douces et chaleureuses, les planches de l’album s’avèrent particulièrement somptueuses. Elles nous donnent à voir cette forêt millénaire surgie de terre après ce terrible séisme et on comprend d’emblée qu’elle puisse exercer sur le jeune Wataru un pouvoir d’attraction saisissant…

Album au format atypique enchâssé dans une jaquette élégante, complété par un passionnant dossier sur les coulisses du projet, lui-même enrichit de dessins de l’auteur, cette Forêt Millénaire a bénéficié d’une superbe édition…

Très contemplatif, cet ultime œuvre de Jiro Taniguchi est une petite merveille qui distille la même magie que celle des films d’animation de Hayao Miyazaki… Difficile de ne pas être frustré de ne pouvoir lire la suite de ce récit prometteur et envoûtant signé par l’un des maîtres du neuvième art…

Je te le promets. Un jour viendra où tu comprendras… le sens de tout cela. Pourquoi tu es revenu ici… tu en comprendras la raiso. Oui… Tu n’es pas obligé de parler. Ne t’inquiète pas. Tout ira bien. Dis-toi que ton grand-père te comprend. Si tu as envie de pleurer, surtout, ne te retiens pas. La montagne te consolera. La forêt t’accueillera. le grand-père de Wataru