Tout le monde connaît Les Liaisons dangereuses, le roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos publié en 1782. Il met en scène deux nobles libertins manipulateurs et pervers qui furent amants et qui vont se livrer une guerre et se détruire, mutuellement… Dans le premier tome de ces préliminaires, Stéphane Betbeder se propose de nous parler la jeunesse du jeune Sébastien de Valmont, avant qu’il ne devienne le personnage cynisme et narcissique que l’on connaît…

1755. Sébastien est un jeune homme fragile et chétif sujet à de violentes crises d’épilepsie. Troisième fils du Vicomte de Valmont, sa famille est préoccupée par son état fragile d’autant qu’il semble doté d’un tempérament aventureux. Sa mère s’en ouvre auprès de la Comtesse de Senanges dont le fils s’apprêtait à épouser l’une des fille du vicomte.

La Comtesse va prendre le frêle jeune homme sous son aile, devenant pour lui l’incarnation même de la femme. Elle lui apprendra les codes et les usages de son monde, l’initiant aux manipulations et intrigues amoureuses où chacun avance masqué… Bien qu’il ne le sache pas encore, cette liaison qui s’avèrera pour le moins sulfureuse allait profondément changer le futur Vicomte de Valmont.

Les lecteurs des Liaisons Dangereuse ne savent que peu de choses sur le passé du jeune Valmont sinon qu’il fut un redoutable séducteur. On se doute néanmoins que de tragiques événements ont fait de lui l’être cynique et pervers que l’on connaît…

C’est dans cette zone d’ombre que Stéphane Betbeder va s’engouffrer avec audace et talent pour tisser un récit cruel et envoûtant… Son scénario s’avère réellement captivant et parfaitement raccord avec le roman de Pierre Choderlos de Laclos. Avoir fait de Sébastien de Valmont le narrateur du récit renforce l’intensité de l’histoire. Avec finesse et intelligence, le scénariste brosse un portrait crédible de ce qu’a pu être la jeunesse de ce personnage et des événements qui ont fait de lui ce jeune homme arrogant manipulateur… Mention spéciale aux dialogues, particulièrement bien écrit, qui renforcent la filiation avec l’œuvre originale…

Mais avant même de se plonge dans la lecture de l’album, c’est le formidable dessin de Djief qui attire l’attention… Difficile en effet de ne pas succomber au charme et à l’élégance de son trait. Rehaussé par des cadrages de haute tenue, ses planches, finement découpées, sont de toute beauté et l’on se perd à les contempler… D’autant que la mise en couleur lumineuse d’Isabelle Merlet est absolument somptueuse… Djief entraîne littéralement le lecteur dans les salons cossus du siècle des lumières à la suite du jeune Sébastien de Valmont qui va entamer sa mue…


Proposant avec audace un prequel au roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos, Stéphane Betbeder signe un premier tome absolument envoûtant somptueusement mis en images par les crayons de Djief, eux même sublimés par les magnifiques couleurs d’Isabelle Merlet.

Avec l’Espoir & la Vanité, le scénariste signe un récit parfaitement cohérent avec l’œuvre originelle et l’inscrit dans une veine littéraire. Il dépeint avec justesse ce qu’aurait pu être la jeunesse de Sébastien, futur Vicomte de Valmont, décrivant avec finesse les événements et les rencontres qui ont fait de lui le personnage cynique et manipulateur décrit dans le roman…

On imagine que le second tome sera consacré à la marquise de Merteuil et le dernier à leur liaison qui allait porter en germe leur déchéance… Mais le fait est que ces préliminaires aux liaisons dangereuses sont une lecture que nous vous recommandons chaudement…

Je ne m’expliquais pas l’emprise qu’elle avait sur moi. La raison m’en est apparue plus tard: la comtesse représentant tout ce que mes sœurs, mes servantes et ma mère ne furent point. Une femme.Sébastien de Valmont