Dans ce onzième tome des aventures de Nestor Burma, le détective de choc fait une infidélité à Paris en se rendant sur la côte pour une enquête fertile en rebondissements…

Engagé pour assurer la sécurité du comte Pierre de Fabrègues, Burma saute dans le premier train en partance pour Cannes, espérant se la couler douce dans l’arrière-saison de l’été 46…

Mais lorsqu’il arrive chez son employeur, les cognes y font déjà le pied de grue. L’homme s’est donné la mort, non sans avoir légué une coquette somme à Burma pour couvrir ses frais… Chargé de l’enquête, le commissaire Pellegrini l’avait dans le collimateur depuis qu’il avait refilé de faux biftons aux tables d’un casino…

Le détective de l’Agence Fiat Lux n’est pas de ceux à laisser un mystère en suspens… Assisté par deux anciens collaborateurs de l’Agence Fiat Lux qui avaient quitté la capitale lors de l’occupation, il va mener l’enquête et tenter, une fois de plus, de mettre le mystère K.O...

Il n’est pas courant de croiser Burma en dehors de Paname mais force est de reconnaître que cela confère tout son charme à l’album… Emmanuel Moynot, qui repris les personnages imaginés par Tardi remet en scène pour la cinquième fois le célèbre détective de choc pour un récit particulièrement dépaysant où la grisaille parisienne cède la place au soleil de la côté d’azur…

Et le fait est que l’auteur s’en sort bougrement bien! D’autant que cette nouvelle enquête de Burma est tortueuse à souhait, mêlant de nombreux personnages qui sont autant de suspects potentiels… Chacun d’entre eux s’avère particulièrement truculent, à commencer par le comissaire Pellegrini que l’on recroisera à de nombreuses reprises… Dialogues et récitatifs sont comme de coutumes irrésistibles et teinté de cette ironie mordante chère à Mallet…

Emmanuel Moynot semble avoir pris un réel plaisir à mettre cet album en image, donnant même à certains personnages de son récit la trogne de ses collègues scénaristes et dessinateurs… à commencer par Nicolas Barral qui a signé deux albums mettant en scène le célèbre détective! Son découpage s’avère on ne peut plus efficace et ses vues du Cannes d’après-guerre particulièrement convaincantes, entraînant le lecteur tant dans les ruelles de la cité que dans l’arrière-pays…

Ce n’est pas demain la veille que Burma prendra des vacances, même s’il a pu le croire un temps en délaissant Paname pour gagner Cannes…

Son employeur potentiel suicidé, le célèbre détective qui met le mystère K.O. va avoir fort à faire pour démêler l’écheveau de cette enquête mêlant trafic de drogue, fausse monnaies, gloire littéraires, vrais gangsters et petites frappes…

Emmanuel Moynot signe avec le Sang Bleu une savoureuse adaptation du roman éponyme de Léo Mallet qui ravira à n’en pas douter les amateurs de polars…

Laissez-moi vous dire ce que je pense. Vous vous égarez. En vérité monsieur le comte est mort d’un coup de sang. […] Un coup de sang bleu.Nestor Burma