



Pour ce sixième tome, Lewis Trondheim, chef d’orchestre du projet, invite Emmanuel Guibert et Franck Biancarelli à prendre place dans l’Infinity 8 pour un récit joyeusement pulp truffé d’un humour irrésistible et de mystères insondables…
Si l’enquête progresse à chaque reboot, le mystère entourant cette mystérieuse nécropole apparue dans la trajectoire de l’Infinity 8 reste entier…
Alors qu’elle procédait à un contrôle de routine qui commençait sérieusement à dégénérer, l’agent Leïla Sherad est appelée par le commandant du vaisseau au poste de pilotage… Après avoir été lourdement draguée par lieutenant Ruffo qui n’en est plus à un râteau près, elle est briffée sur sa mission capitale et la faille temporelle qui lui permettra de mener son enquête durant les 8 prochaines heures…
Sherad insiste pour embarquer avec elle Bert Numal, l’alien érudit victime de son zèle… Histoire de se faire pardonner certes, mais aussi et surtout parce que ces connaissances encyclopédiques pourraient leur être d’un précieux secours pour explorer cet étrange et labyrinthique amas de mausolées hétéroclites…
Les reboot se suivent, conservent leurs invariants mais ne se répètent pas… Emmanuel Guibert et Franck Biancarelli rejoignent donc Lewis Trondheim dans le poste de pilotage pour tisser un récit de SF déjanté, jubilatoire et délicieusement pulp…

Qui dit nouvel opus dit nouvelle héroïne. C’est donc Leïla Sherad qui endosse le premier rôle de ce reboot, comme il se doit vêtue d’une combinaison moulante délicieusement rétrofuturiste… Le duo qu’elle forme avec le sympathique Bert Numal, l’une sanguine et l’autre très posé, s’avère on ne peut plus efficace et donne lieu à des dialogues caustiques et mordants particulièrement irrésistibles…
L’intrigue en elle-même s’inscrit dans une veine classique de SF avec cet organisme végétal parasite qui s’étend, tel un cancer, sur l’ensemble de la nécropole et qui va donner bien du fil à retordre à notre duo de choc… Quelle est la part du talentueux Emmanuel Guibert dans les évènements qui nous sont relatés? Difficile à dire car seul Trondheim figure au générique comme scénariste, le rôle de Guibert ayant semble-t-il été d’infléchir l’histoire et d’apporter des éléments nouveaux au cours de discussions avec le maître d’œuvre du projet… Le scénariste lève un pan du voile sur les mystères entourant la nécropole, à commencer par son origine… Avant de jeter un nouveau mystère délicieusement vertigineux…
A l’instar de ses prédécesseurs, l’éclectique Franck Biancarelli semble s’être particulièrement amusé au cours de ce séjour à bord et aux abords de l’Infinity 8… Rehaussé par une mise en couleur subtile, son trait élégant porte merveilleusement ce récit de SF drôle et décalé. Ses décors s’avèrent particulièrement réussis, de même que ses créatures extra-terrestres, à commencer par Bert Numal, personnage pour le moins impassible dont le regard s’avère néanmoins subtilement expressif…
Après cinq reboot, on pouvait craindre que les scénaristes ne parviennent plus à nous surprendre et, une fois encore, il n’en est rien…
Connaissance Ultime s’inscrit dans le sillage des épisodes qui l’ont précédé… Porté par le dessin aussi inspiré qu’élégant de Franck Biancarelli, des dialogues ciselés irrésistibles et décalés et un savoureux duo d’enquêteurs antinomiques et par la même complémentaire, le récit concocté par Lewis Trondheim et influencé par Emmanuel Guibert joue avec malice avec les codes de la SF… A la fois déjantée, rythmée et entraînante, l’intrigue rythmée et entraînante dissipe certains mystères planant sur la fameuse nécropole galactique avant d’en introduire un nouveau pour le moins vertigineux…
Boulet rejoindra l’équipage pour un septième tome qui nous apportera, dit-on, les réponses, toutes les réponses (ou presque), à nos nombreuses questions… Tout un programme!
Dire « s’il vous plaît » en braquant son interlocuteur est un oxymore comportemental. Bert Numal