Après le tendrement bouleversant
Betty Boob (superbement mis en images par l'incroyable Julie Rocheleau), Véronique Cazot revient avec un roman graphique teinté de fantastique porté par le dessin envoûtant et intimiste de Camille Benyamina dont le talent a été révélé par
Violette noziere - vilaine chérie d'Eddy Simon...
Max est plutôt du genre discret. Lorsqu’il rentre avec un énorme bouquet de fleurs artificiels pour fêter ses quatre années de vie commune, il trouve sa compagne au lit avec un autre homme… C’est à peine si les amants s’aperçoivent de sa présence… Il va bien tenter de se faire aider par une psy mais cette dernière ne l’écoute que d’une oreille distraite… Au fil du temps, les choses ne vont pas s’arranger : Max va peu à peu s’effacer, jusqu’à devenir totalement transparent…
Léonie est elle traumatisée depuis qu’elle a subit un cambriolage. Cette jeune femme volontaire et sûr d’elle perd ses moyens lorsqu’elle pousse la porte de son appartement qu’elle croit hanté par des monstres aussi grotesques que terrifiants. Ne pouvant trouver le sommeil seule dans son appartement, elle invite les premiers venus à partager sa couche et les expédie chaque matin, feignant l’amnésie…
Par un étrange concours de circonstance, Max va élire domicile chez elle et partager son quotidien sans qu’elle s’en rende compte… Pourtant, au fil du temps, il semblerait que Léonie puisse sentir sa présence discrète et apaisante…
Véronique Cazot a tissé un récit étrange et envoûtant, à la fois encré dans la réalité et pourtant fortement teinté de fantastique… Avec une infinie tendresse, elle met en scène deux personnages qui ont du mal à trouver leur place dans notre société. L’une parce qu’elle est rongée par la peur de croiser un monstre chez elle, l’autre parce qu’il est tellement discret et insignifiant que personne ne remarque sa présence, tant et si bien qu’il en devient réellement invisible…
Chacun de ces deux personnages s’avère à sa façon particulièrement touchant de par sa fragilité et son incapacité à s’intégrer pour vivre pleinement… Par le biais de la fable, la scénariste parle avec tendresse de la solitude, de la sexualité, de la difficulté à rencontrer l’amour et de notre incapacité chronique à prendre le bonheur où il se trouve… et de ces petites distances qui séparent les êtres et qui sont bien souvent si difficile à franchir…
Sensible, plein de douceur et parfois même sensuel, le dessin de Camille Benyamina est au diapason du scénario. Son découpage inventif, son trait spontané et ses aquarelles délicates soulignent avec finesse l’émotion des différents protagonistes, les rendant plus touchants encore.
La magie opère d’ailleurs dès la couverture, superbement composée et rehaussé d’un discret mais superbe vernis sélectif…
Avec Les Petites Distances, Véronique Cazot et Camille Benyamina nous livrent une comédie douce-amère intimiste subtilement saupoudrée de fantastique…
Avec pudeur, tendresse et poésie, la scénariste aborde des sujets délicats tels la solitude, le mal-être, la sexualité et le bonheur si difficile à trouver alors qu’il est parfois à portée de main… Original et inventif, son récit est superbement mis en image par le trait sensible et sensuel de la talentueuse Camille Benyamina qui rend tant Léo que Max profondément attachants…
Un album touchant et revigorant à mettre entre (presque) toute les mains…
Je suis là. Je suis Max. On vit ensemble depuis deux semaines. Enfin c'est surtout moi qui vis chez toi, mais je crois que je ne te dérange pas. Tu ne m'entends vraiment pas?Max