








Bernd Eisenstein, l’auteur de l’excellent
Peloponnes, associe sa créativité à celle de Ralph Bienert pour revisiter son
Porto Carthago et nous entraîner 8 siècles avant notre ère pour incarner des marchands qui rivaliseront d’audace et d’inventivité pour devenir le plus célèbre marchand de Carthage…

Règles et matériel

Joliment illustré, la boîte de taille moyenne contient un matériel foisonnant dont on se demande comment il tient à l’intérieur… La boîte déborde littéralement de matos, cartes, plateaux, tuiles et marqueurs en tout genre…
Signées à quatre mains par Christian Opperer et Odysseas Stamoglou, les illustrations des cartes (toilées s’il vous plaît) nous plongent dans l’antiquité alors que le matériel, original et très bien pensé s’avère pour le moins ergonomique…

Le livret de règles (12 pages) s’avère particulièrement dense. Les auteurs ont cherché à être exhaustifs, explicitant chaque rouage de la règle… Si cela peut s’avérer salutaire pour lever toute ambiguïté, sa lecture pourra rebuter les joueurs occasionnels peu rompus à l’exercice de par les redondances ou les phrases parfois trop alambiquées… Néanmoins, la maquette permet de retrouver rapidement les informations en cours de partie et le corpus de règles s’avère particulièrement digeste une fois les premiers tours de jeu passés.
Contenu de la boîte: 75 cartes Commerce, 30 cartes Bateaux, 1 plateau Action, 1 plateau Commerce, 1 Quai bateau de guerre, 1 plateau Décennies, 1 plateau Marché, 1 plateau Hôtel de Ville, 9 tuiles Réussite, 1 tuile Premier Joueur, 2 marqueurs Guildes dorés, 2 marqueurs Argent, 1 bloc de score… et, pour chacun des 4 joueurs : 7 cartes de base, 11 disques Influence, 1 plateau Résidence et 1 carte aide de jeu.

Déroulement d’une partie
Mise en place
Si la mise en place peut sembler un brin fastidieuse à la lecture des règles, il n’en est rien… Lors de la première partie, le schéma et la double page explicative est d’une aide précieuse et, passé la phase de découverte, l’ensemble s’avère plutôt rapide et fluide…
Deroulement
Une partie de Carthago se déroule en trois décennies dont chacune est découpée en 5 manches…
A chaque manche, chaque joueur va passer (et piocher une carte commerce) ou jouer une carte de sa main (carte de base ou commerce) pour effectuer l’action associée (en payant éventuellement un coût supplémentaire si d’autres joueurs ont déjà sélectionné cette action) en s’acquittant de son coût éventuel (en jouant ou défaussant des cartes Commerce).
Ces actions lui permettent de récupérer et échanger une carte du Marché, retirer un disque d’influence de sa Résidence, ajouter un disque d’influence pour réserver un navire sur le port de Commerce ou sur le Quai des Bateaux de Guerre, livrer une marchandise et collecter des cartes Commerce et récupérer un Bateau…
S’il choisit une action où se trouve un marqueur de Guilde, il peut en sus effectuer une action Guilde : placer un jeton Influence dans l’Hôtel de Ville ou sur une case vide des tuiles Réussite de la décennie en cours.
A l’issue de la manche, on procède à un nouveau setting avant d’entamer la manche suivante…
Fin de partie
La partie s’achève à l’issue de la cinquième manche de la troisième décennie…
Chaque joueur multiplie le nombre de ses bateaux par le nombre de sièges qu’il possède à la Guilde (le développement de sa Résidence permet d’accroitre le nombre de sièges) et ajoute les éventuels bonus apportés par ses jetons placés sur les tuiles Réussite. Le joueur ayant le plus de points devient le plus prestigieux marchand de Carthage… et remporte la partie…

l’Avis de la Rédaction

Bernd Eisenstein nous propose donc une version revisitée de son
Porto Carthago, conservant certains mécanismes, en introduisant de nouveaux et en écartant d’autres…
La profusion du matériel peut inquiéter de prime abord… Car ce n’est pas moins de six plateaux, sans compter les plateaux individuels, qui recouvrent la surface de jeu! Pourtant, passés les premiers tours de jeu et aidé par l’ergonomie du matériel, les mécanismes du jeu s’assimilent rapidement… Mais il faudra plus d’un tour et plus d’une partie pour bien appréhender les subtilités du jeu!

A chaque tour, le joueur doit choisir entre un choix restreint d’actions proposées… Mais chaque choix, dicté par sa main de cartes, est un cruel renoncement… Les différents usages qui peuvent être faits des cartes Commerce (choix de l’action, Valeur en pièce et ressource -parmi Bijou, Verre, Cèdre, Huiles et Teintures) rendent les choix plus cruels encore… D’autant que les joueurs n’effectueront que 15 actions au cours des trois décennies que dure la partie!
La gestion de main et la composante minimaliste de deck building confèrent une saveur toute particulière à Carthago alors que les interactions s’avèrent riches et subtiles, des réservations de navire en passant par le mécanisme de surcoût des actions…

Les plateaux modulaires s’adaptent au nombre de joueur, rendant les parties très disputées, quelle que soit la configuration… D’autant plus que les auteurs ont ajouté un mécanisme simplissime et indolore de jetons fantômes qui augmente le coût d’une action, permettant de conserver la tension que l’on retrouve à 3 ou 4 joueurs… Ajoutons à cela des tuiles Réussite tirées aléatoirement en début de partie et qui introduisent des bonus substantiels et vous obtenez un jeu savoureux doté d’une courbe d’apprentissage savamment dosée qui devrait lui assurer une bonne durée de vie …
Carthago ne fait nullement doublon avec Porto Carthago, son prédécesseur…
Bernd Eisenstein et Ralph Bienert revisitent cet excellent jeu de gestion avec finesse et efficacité… Porté par un matériel élégant et très ergonomique, les différents mécanismes du jeu s’assimilent rapidement, laissant place à un jeu tendu où chaque décision devra être mûrement réfléchie…
Aussi tendu à 2 qu’à 3 ou 4 joueurs grâce à un matériel modulaire qui conserve la tension quelle que soit la configuration, les tuiles Réussite permettent aux joueurs d’activer pour leur compte des bonus en fin de partie qui orientent sensiblement le jeu de chacun…
Un très bon jeu familial à réserver toutefois aux joueurs réguliers…

On aime...

un matériel ergonomique et foisonnant

des règles (au final) simples

de réels choix tactiques et des choix cornéliens

les interactions subtiles

On n'aime pas...

la lecture des règles qui rebutera les joueurs occasionnels (mais franchement, persévérez, le jeu en vaut clairement le coup!)